critique &
création culturelle
Le patchwork de
Gui Dash

Cette semaine, Gui Dash accroche ses dessins dans la galerie Karoo . Avec lui, on prend un peu de hauteur pour avoir un regard d’ensemble sur son travail et apprécier le patchwork que, dessin après dessin, il construit patiemment.

Karoo : Gui Dash, comment définiriez-vous votre travail ?

Gui Dash : Le mot qui me semble correct pour décrire ce que je fais est patchwork . Je vois ces dessins comme des fenêtres vers des univers différents et familiers. Et quand je dis familier, c’est inconscient parce que bien entendu ces univers sont imaginaires. C’est un patchwork parce que cet univers est construit dessin après dessin pour former une grande mosaïque. Sans qu’il y ait une vraie volonté narrative, les dessins se suivent chronologiquement. Il y a des thèmes et des personnages récurrents. Le dessin suivant se nourrit des précédents.

Depuis quand travaillez-vous à ce patchwork ?

Il y a environs quatre ans, peut-être cinq, que j’ai commencé cette fresque. Je dessine depuis que je suis tout petit mais c’est vraiment au lycée que je me suis pris au jeu, notamment en dessinant dans les marges de mes cahiers ou sur mes classeurs. Ensuite, j’ai fait deux ans dans deux écoles de graphisme différentes. Des expériences mitigées mais qui ont eu le mérite de me former techniquement. En particulier à l’illustration BD. Désormais, j’utilise de l’encre, je ne l’aurais jamais fait sans passer par une école. Ça m’a aussi appris les perspectives, les ombres… Toutes ces petites choses qui donnent du relief à mes dessins.

C’est vrai que vos personnages ont un look cartoon et que ce patchwork peut faire penser aux cases d’une planche de bande dessinée.

Le dessin suivant se nourrit des précédents…

Pendant cette formation, je me suis assez vite rendu compte que je ne ferais pas réellement de la bande dessinée. Par contre, il y a beaucoup de chose dans cet art qui m’inspirent et dont je voulais faire quelque chose.

Je m’intéresse particulièrement à la bande dessinée américaine, celle de Robert Crumb et de Charles Burns par exemple. En bande dessinée belge et européenne, c’est plutôt vers Gotlib que je me tourne.

Mais il n’y pas que la bande dessinée qui m’inspire, j’aime aussi beaucoup l’illustration. Les réseaux sociaux sont une formidable mine pour découvrir des choses dans ce domaine. J’aime beaucoup le travail du Belge Brecht Vandenbroucke.

Et puis, il y a les classiques Paul Klee, Basquiat, Jérôme Bosch…

Jérôme Bosh qui peignait aussi de grandes fresques dans des mondes étranges…

C’est vrai, dans les détails, dans l’imaginaire et l’imagination… il y a des passerelles.

Mais ce patchwork, quelle taille a-t-il ?

Sur un écran, l’impression n’est pas du tout la même qu’en réalité. Pour avoir une idée, les formats oscillent entre l’A3 pour les plus grands et l’A4 pour les autres. J’aimerais travailler sur de plus grands formats encore mais garder ce fourmillement de détails serait très compliqué, je pense.

Et l’idée serait-elle de recomposer, un jour, cette mosaïque, ce patchwork ?

Ce n’est pas une obsession. Par exemple, je viens de faire une première exposition à Bordeaux. Nous n’avons pas voulu absolument coller les dessins les uns aux autres pour former physiquement le patchwork dont je parlais, mais rien que les voir ensemble dans la même pièce contribuait à rendre cet effet mosaïque.

Tous les
entretiens
Même rédacteur·ice :
Voir aussi...