critique &
création culturelle
Natural born classic rock

Entre rock et binaire et soul veloutée, Vintage Trouble sort un deuxième album fédérateur à écouter pour faire la fête sans se poser trop de questions.

Après la mode des albums ou des concerts unplugged , les reformations de groupes légendaires (parfois avec un seul membre du personnel d’origine) qui sortent des albums sans intérêt en tournant sans arrêt dans les festivals d’été où ils interprètent leur best of , un phénomène nouveau est apparu depuis quelques années, qu’on pourrait appeler le natural born classic rock .

Parmi tous ces groupes qui ne passent pas par la case originalité mais s’adressent directement aux quadras-quinquas nostalgiques et aux plus jeunes intéressés par la mode des revivals, rares sont ceux qui s’inscrivent durablement dans le paysage. Le seul contre-exemple qui nous vient en tête est peut-être les Black Crowes – encore que, pour les lecteurs de Karoo , la nuance entre natural born classic rock et classic rock tout court soit probablement ténue.

Dans le genre, parmi les groupes qui risquent fort de perdurer, il y a Vintage Trouble, qui vient de sortir son deuxième album, quatre ans après le premier. The Bomb Shelter Sessions (2011) était un album de soul speedée qui fut plébiscité d’emblée. Jools Holland invita immédiatement le groupe dans son show qui fait plutôt dans la valeur sûre. Un clip valant mieux qu’un long discours, le voici (en intégralité et pas en version teasing comme à la télé qui s’est spécialisée dans le pitch des clips, un comble !) :

La critique s’est emballée. Un journaliste, qui voulait faire percutant ou qui était peut-être en manque de référence, a résumé Vintage Trouble d’une manière plus qu’élogieuse : « C’est James Brown qui joue du Led Zeppelin ! » Certes, la rythmique assure, le guitariste est à l’abri du rhumatisme articulaire et le chanteur a du charisme, du souffle et sait danser. Mais bon, sachons raison garder ! Les Who, en vieux briscards, ont repéré le groupe et l’ont embauché en 2012 en première partie de leur tournée américaine, qui coïncidait avec la sortie de l’album de Vintage Trouble aux États-Unis.

En 2014, le groupe a sorti un mini-live, The Swing House Acoustic Sessions , dans un registre plus velouté. Puis, après avoir enregistré son deuxième album, il est reparti en tournée en première partie d’AC/DC, un autre monstre des stades. Publicité garantie, mais vaut mieux assurer.

1 Hopeful Rd. est sorti en août dernier sur le label Blue Note, ce qui laissait présager un album jazzy. En fait, il propose une alternance parfaite entre rock carré et ballades soul. Les deux premiers morceaux de l’album permettent de se faire une idée des deux registres.

D’abord la piste d’ouverture, proposée ici dans une version live à Glastonbury, plus pêchue que la version studio, et qui permet d’apprécier le costume très classe du chanteur :

Et pour suivre, une ballade modern soul imparable (c’est la version studio) :

Le rock’n’roll circus s’écrit à coups d’influences. Dans les années soixante, les Anglais ont redonné le goût du blues aux Américains puis ont durci le ton et inventé le hard rock. Avec le temps, les gloires des seventies se sont assagies et se sont souvenues qu’elles aimaient la soul. Vintage Trouble semble partir de là en durcissant la soul revisitée par les blancs. Un peu comme si Ty Tyler, le chanteur de Vintage Trouble, avait été plus influencé par Paul Rodgers (le chanteur de Free et de Bad Company) que par Otis Redding.

Même rédacteur·ice :

Vintage Trouble
1 Hopeful Rd.
Blue Note