critique &
création culturelle
    Rétrospective culturelle 2022
    Les coups de cœur d’Alizée Staes

    En 2022, on guérit, on déconfine, on ressort. J’aurais pu parler de Beach house à l’AB, de Daniel Sloss au Bataclan , The Libertines au Cirque Royal, du Floodcast à l’Olympia… et pourtant, je compile ici un top 5 entièrement casanier. Il n’y a rien à faire, ce sont toujours les bonnes vieilles soirées canap’ en famille devant Nikos Aliagas ou la dernière comédie noire sur fond de désespoir marxiste que je retiens avant tout.

    The White Lotus saison 2 (Mike White - octobre 2022)

    C’est au lendemain de la sortie du dernier l’épisode de la deuxième saison de The White Lotus que j’écris ces lignes, encore sous le choc du climax final et endeuillée par la révélation de « la mort » qui tenait les fans de la série HBO en haleine depuis des mois.

    Après une sublime première saison à Hawaii, Mike White1 jette son regard satirique sur l’hôtel de luxe italien fictif, White Lotus Taormina , où il nous cuisine à petit feu durant six heures de farniente anxiogène. À la manière d’une étude sociologique sur l’ultra riche et l’ultra serviable, The White Lotus analyse avec précision les rapports de force dans la lutte des classes actuelle. Et comme toute relation dans le système capitaliste, tout est transaction : l’amitié entre businessmen , la fête entre vacanciers, le mariage entre jeunes fortunes, les flirts entre hôteliers, la nuit entre le patriarche américain et la prostituée italienne… Décryptant différents niveaux de manipulation et de couardise, cette échappée sous le soleil de Sicile examine la complexité des rapports humains à une ère de transition culturelle, avec la masculinité au centre du viseur. Bien que l’action soit très modérée durant la majorité de la série, White nous tient en haleine avec mystères, symboles et dialogues à la hauteur de leurs interprètes : justes et acerbes. Mention spéciale à Aubrey Plaza et Jennifer Coolidge, véritables déesses de cette tragédie moderne.

    Top Gun: Maverick (Joseph Kosinski - mai 2022)

    Après plus de trente ans de carrière, capitaine « Maverick » (Tom Cruise) est de retour, non comme élève, mais comme entraineur de la célèbre école de chasse de la Navy pacifique : Top Gun . Entre conflits intergénérationnels et fantômes du passé, l’aviateur devra tout donner pour accomplir une mission spéciale relevant presque de l’impossible.

    Le pitch est simple ; le héros, cliché ; le méchant, indéfini ; la résolution, attendue. Et pourtant, tout y est : moustaches à la Magnum , propagande pro-militaire américaine, b-o de Lady Gaga et matchs de volley homoérotiques sous le soleil couchant. Comme avec la saga Mission Impossible , Cruise repousse les limites du blockbuster grand public et ne lésine pas sur le spectacle. Les avancées technologiques, la préparation poussée des acteurs et le montage chirurgical nous offrent une des meilleures expériences en salle de ces dernières années. Des scènes de pilotage ultra immersives aux soirées arrosées dans le bar de bord de mer, tout ce qu’on attendait de ce sequel y est ; et plus encore. Avec un nouveau casting cinq étoiles – Jennifer Connelly, Jon Hamm, Miles Teller, Glenn Powell – et des coups de poing émotionnels brillamment dosés, Maverick nous enveloppe de nostalgie tout en nous donnant une bonne dose de sensations fortes. La crème de la crème du film « popcorn ».

    Star Academy (TF1 - octobre 2022)

    Toujours dans la catégorie pyrotechnie et divertissement de haut vol, il y a évidemment la nouvelle édition de la Star Academy . Qui aurait cru, il y a dix ans, que l’on reverrait un jour le château de Dammarie-lès-Lys sur nos petits écrans ? Un voyage dans le passé, oui, mais surtout une version rêvée de nos années 2000 : l’innocence et l’effervescence pré-2008, la toxicité en moins.

    Mêlant un casting plus diversifié et des professeurs plus à l’écoute, la recette fait mouche. L’énergie bouillonnante entre l’école d’art à la Fame et la colonie de vacances façon Camp Rock ne peut qu’emballer l’amatrice de scène et de drame adolescent que je suis. Ce succès « surprise » d’un reboot inattendu montre comment faire renaitre un programme marqué par le temps : garder l’essence du projet et changer ce qui est daté. On a bien la nature addictive du format « télé-réalité » — les candidats, les primes, les éliminations – le tout mis au goût du jour, avec moins de clashs et plus de bienveillance. La camaraderie entre jeunes talents, les cours de danse en talons aiguille, « Born this Way » interprété par un chanteur corseté de cuir en prime time sur TF1, c’est exactement ce dont la télé linéaire avait besoin.

    The Bear (Christopher Storer - octobre 2022)

    Dans le genre comédie dramatique sur le service client, il est impossible de ne pas mentionner The Bear . Malgré le stress post-traumatique de mes jours d’étudiante-barista, je ne pus m’empêcher de regarder cette série deux fois de suite.

    Écrite et réalisée par Christopher Storer, The Bear est la série douce-amère prolétaire par excellence : une intrigue simple, des thématiques fortes, un lieu riche de « petites mains » et des épisodes courts qui taillent exactement là où ça fait mal. Jeremy Allen White dans le rôle du chef prodige tourmenté délivre une performance brute et juste ; une sincérité qui vient agréablement contrebalancer le maximalisme ironique en vogue en ce moment. Pour les petites gens de l’industrie, c’est le plaisir de se faire comprendre et entendre. Pour les non-initiés, c’est la découverte d’une culture complexe méconnue. Comme le sandwich italien qui remplace les entremets étoilés du chef : c’est efficace, consistant et sans prétention.

    Attention: Miley Live - Miley Cyrus (avril 2022)

    Pour conclure ce top culturel, je reste sur la nostalgie avec l’icône pop de toute une génération, Miley Cyrus, qui revient cette année avec un album live aux influences multiples : Attention:  Miley Live .

    Sa reprise de Metallica, « Nothing Else Matters », lors de Glastonbury 2019 annonçait déjà la couleur : une nouvelle identité plus rock, visiblement moins « choc » et plus authentique. Loin de l’image « trash » des années Bangerz, calibrée pour casser le personnage puritain Disney, la chanteuse revient à ses racines avec la maturité d’une carrière déjà bien accomplie. Définitivement plus posée et affirmée, Miley interprète ses plus grands tubes, mais aussi des covers de classiques que l’on croirait faits pour elle : Pixies, Sinead O’Connor, Madonna, Dolly Parton, Blondie... Miley exorcise Hannah Montana et s’incarne Debbie Harry. Avec sa voix puissante et rauque taillée pour le métal, elle marie rage punk et influences country avec classe. Elle prouve que glam rock et tubes pop d’un passé d’enfant-star révolu peuvent tout à fait faire la paire. Sans aucun doute, « le meilleur des deux mondes ».

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