La Place de Mai à Buenos Aires ne désemplit pas après 41 ans : Des dizaines de grands-mères continuent à rechercher les traces des enfants d’une génération détruite par la dictature de 1976 à 1983. 125 enfants ont ainsi retrouvé leurs origines, malgré un silence qui recouvre cette période sombre de l’histoire argentine.

Santiago et Mario sont étudiants de Buenos Aires, meilleurs amis bien que tout les oppose. L’un est grand, blond, beau et sûr de lui ; l’autre est plus petit, brun et introverti. Ce dernier se pose des questions sur sa famille. Et si ses deux parents l’avaient adopté ? S’il était l’un de ces cinq-cents bébés adoptés après l’exécution de leurs parents ? Après avoir discuté avec les grands-mères de la place de Mai, il décide de procéder à un test ADN. Par jeu et pour séduire l’infirmière, Santiago l’accompagne. Soulagement pour Mario, il est bel et bien le fils de ceux qui l’ont éduqué. En revanche, Santiago découvre qu’il a été adopté. Le personnage tombe alors dans une période de doute et de questionnement, en total contraste avec ce qu’il incarnait dans la première partie de l’histoire.

Si le retournement de situation semble tissé de gros fil, le récit change à ce moment-là de ligne conductrice. D’une chronique de l’Argentine post-dictatoriale, on passe à la quête d’identité de Santiago et, à travers lui, de toute sa génération. On y découvre et comprend le poids des mots, le poids des silences.

Si les ressorts de la narration sont un peu gros dans un premier temps (les deux héros construits en opposition, le renversement de situation digne d’un vaudeville), le roman illustré prend tout son intérêt à partir de cette deuxième partie du récit. Le dessin occupe une place importante et joue de sa symbolique pour exprimer les questionnements identitaires du jeune homme. Les arbres de la place de Mai quittent leur fonction de décor pour devenir la métaphore de la recherche de cette génération orpheline. Les arbres deviennent généalogiques, leurs racines évoquent celles perdues des 500 Santiago. L’illustratrice Mayalen Goust prolonge même la réflexion. Dans une interview délivrée durant le festival d’Angoulême, elle explique :