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création culturelle
@FIFF2016
La rentrée des classes

Après le succès planétaire de leur bijou Ernest et Célestine , Stéphane Aubier et Vincent Patar reviennent à leur premier amour. Quatorze ans après leur création, Cowboy et Indien sont toujours aussi photogéniques.

Les prouesses esthétiques réalisées par l’équipe du duo Aubier-Patar continuent de séduire . La Rentrée des classes est le nouvel épisode de panique au village. Après les vingt premiers épisodes en format court, sortis en 2002, Aubier et Patar s’étaient risqués avec brio à réaliser un long métrage, accueilli avec ovation au festival de Canne en 2009. Après cinq années de repos, nos jouets préférés avaient repris du service dans la Bûche de Noël .

Deux ans après la dernière apparition de Cow Boy et d’Indien sur les écrans, dans Panique chez les jouets , Aubier & Patar nous reviennent avec une vingt-quatrième pièce de leur œuvre-maîtresse. Pour la troisième fois consécutive, le duo belgo-belge adopte le format du moyen métrage. L’histoire de la Rentrée des classes est assez simple. Mais, comme d’habitude, elle est terriblement efficace.

On retrouve nos amis, Cow Boy et Indien, se préparant à partir pour une croisière au soleil. Mais bien évidemment, ils ont réservé leur billet de départ en oubliant que ce jour-là, c’était la rentrée des classes. Cheval ne les laissera absolument pas rater les premiers jours de cours pour aller se dorer la pilule dans les îles. Les deux comparses imagineront plusieurs subterfuges, mais ce sera peine perdue. Ils retourneront bien à l’école pour le premier jour de classe… Néanmoins, miracle que la vie réserve à notre duo, leur nouveau professeur de géographie, monsieur Youri, un astronaute qui a déjà marché sur la Lune, propose un concours pour motiver les élèves. L’élève qui pourra lui donner, au millimètre près, la distance entre la Terre et la Lune gagnera un voyage sur cette dernière. Voilà l’occasion rêvée qu’attendaient nos deux amis pour rater des jours de classe et partir en voyage.

La grande force d’Aubier et Patar réside dans la continuité de leur œuvre. Ils réussissent à garder une unité à leur histoire, malgré l’évolution technique et les différences de formats des divers épisodes de la série Panique au village . Ils font que nos personnages préférés restent les mêmes, tout en se réinventant.

Le côté enfantin de l’œuvre reste son meilleur argument de vente. Ce film est adapté aux plus jeunes, qui jouent encore avec les mêmes petites figurines que celles qui apparaissent à l’écran, et aux plus grands, qui profiteront de l’occasion pour se replonger dans l’imaginaire de leur enfance.

Cow Boy, Indien, Cheval, Steven, Jeannine, Cochon, Youri, Gendarme,… Personne ne manque à l’appel pour ce nouveau tour de scène.

Tous les codes de nos jeux d’antan sont repris dans l’animation du duo belgo-belge. Même si l’esthétisme des réalisations est parfait, il y a une inadéquation d’échelle entre les paysages, les personnages et les objets. Les dimensions des décors, des figurines et des miniatures ne correspondent pas. Si vous vous rappelez vos moments de créativité juvénile, vous vous rendrez compte que les scènes montrées à l’écran par Aubier & Patar sont de très proches homologues des univers que l’on inventait avec nos propres jouets.

Au niveau du casting, on retrouve toujours la même liste de personnages qui a fait le succès de ces histoires à la belge, déclarées et amusantes. Cow Boy, Indien, Cheval, Steven, Jeannine, Cochon, Youri, Gendarme…, personne ne manque à l’appel pour ce nouveau tour de scène. Du premier épisode jusqu’à ce nouvel opus, Aubier & Patar n’ont laissé tomber aucun de leurs acteurs fétiches. Les personnages gardent toujours leurs caractères bien trempés. Il faut dire que les mimiques de ces jouets-stars n’ont jamais subi de véritable évolution. Malgré les années, ils sont restés identiques.

Le seul véritable changement que l’on peut (à peine) percevoir dans le jeu des acteurs est la fluidité de leurs conversations. Suite au succès, aux changements de formats et aux évolutions techniques, Panique au village a pu être peaufiné au niveau de son rendu final. Que cela soit au niveau du son, moins parasité et plus fluide, qu’au niveau de l’image, plus lumineuse et moins floue.

Patar & Aubier.

Du côté des doublages, on reconnaît facilement les voix de la pléiade d’acteurs belges, qui apportent leur contribution à cette œuvre. Comme Bouli Lanners ou Benoît Poelvoorde, pour ne citer qu’eux. Ce film, à l’instar de la série Panique au village , prône une fois encore le côté décalé que seuls des artistes enclins à la belgitude sont capables de créer.

Et du côté de la technique enfin, on ne change pas une équipe qui gagne. Les somptueux décors faits à la main, produits par les douze artisans de Patar et Aubier, sont toujours d’un esthétisme rare. Ne prenons pour exemple que la miniature d’un Gaston Lagaffe qu’Indien lit pendant le cours de géographie. C’est une reproduction miniature parfaite, on y reconnaît très facilement le personnage sur la couverture.

Même rédacteur·ice :

Panique au village. La Rentrée des classes

Réalisé par Stéphane Aubier et Vincent Patar
Avec les voix de Benoît Poelvoorde , Bouli Lanners ,
Belgique , 2016
30 minutes

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