critique &
création culturelle
@FIFF2016
Le Pacte des anges

Le Pacte des anges , un titre évocateur de la mission que se donne Adrien (Marc Messier) dans ce drame de Richard Angers. Entre violence et compassion, nous sommes transportés au cœur d’une leçon humaine.

Transporté dans les magnifiques paysages du Canada, on rencontre Adrien, un homme ordinaire qui aime la chasse. Pourtant, ses traits tourmentés nous font éprouver un sentiment lourd qui pose question. Que lui est-il arrivé pour qu’il se retrouve sur un parking à boire dans sa voiture ? La réponse ne viendra que plus tard, après qu’il aura rencontré deux jeunes, Cédric et William, qui le kidnappent après avoir tué un autre jeune. Adrien n’a pas de chance : il se retrouve embarqué dans cette histoire malgré lui. On se demande ce qui va lui arriver, comment il va s’en sortir. Puis le récit avance et apporte des réponses inattendues…

Entre les décors sombres de la nuit et ceux lumineux du jour, on suit le voyage de ces trois personnages sur les routes canadiennes présentées en caméra subjective. Les paysages sont si époustouflants, bien que délimités par un cadre de cinéma, qu’on a soudain l’envie d’acheter son billet d’avion… De véritables photographies lumineuses qui rythment le voyage presque quotidien des trois personnages principaux et qui apportent une certaine lenteur aux événements du film, sans que cela soit gênant ; nous sommes trop occupés à observer la beauté des endroits représentés à l’écran. De plus, lorsque le film commence, le spectateur se doute qu’il ne s’agira pas d’un film d’action truffé d’images rapides et d’explosions…

Au départ, on ressent pleinement l’impuissance d’Adrien, qui se retrouve seul face à un jeune de dix-huit ans mal dans sa peau et colérique, et qui le menace avec son propre fusil. Seul son petit frère William l’empêche de faire du mal à Adrien qui n’a pas demandé à être là. On est sous pression, on se demande si Adrien va se faire tuer. Les moments sont partagés entre calme et violence, entre suspense et lenteur. Puis, petit à petit, l’histoire évolue et on est heureux de voir Adrien et William se rapprocher, même si c’est sous l’œil méfiant de Cédric qui a peur de perdre son unique famille… On comprend la réaction de ce dernier et pourtant, on le déteste en même temps, à cause de tous ces comportements injustes qu’il développe envers Adrien. Puis, on met cela de côté, parce que William et Adrien se font des confidences sur leurs vies respectives, parlent de leur passé. Adrien révèle alors à William un élément de sa vie qui explique pourquoi il n’a pas pris la fuite lorsqu’il en a eu l’occasion…

Les événements qu’ils vont vivre par la suite les feront ressembler de plus en plus à une famille. Un père et ses deux fils qu’il doit protéger à tout prix de la menace de la police, car Cédric est recherché pour un crime qu’il n’a pas commis. Adrien va faire preuve d’héroïsme pour les sauver des difficultés dans lesquelles ils se sont mis avec raison. Et on est triste et ravi en même temps de ce qu’il fait et qu’on regarde non sans un pincement au cœur. Comme lui, on oublie ce que Cédric et William ont fait d’injuste, on se rend compte encore plus qu’ils sont bel et bien deux pauvres jeunes qui ont besoin d’aide. Ainsi, si au départ on ne comprenait pas le point de vue d’Adrien, on le partage pleinement ensuite.

Richard Angers nous livre une belle morale d’amour, de compassion, d’humanité et de compréhension. Il nous rappelle aussi ce que sont l’entraide et le partage.

Même rédacteur·ice :

Le Pacte des anges

Réalisé par Richard Angers
Avec Lenni-Kim , Marc Messier , Émile Schneider
Canada , sortie prévue en novembre 2016

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