critique &
création culturelle
Le sens de la fête
La drôle de simplicité d’un mariage en voie de se louper

Avec Le sens de la fête , Eric Toledano et Olivier Nakache, connus en particulier pour leur film Intouchables (2011), nous emmènent dans les coulisses d’un mariage qui s’annonce drôlement foireux.

Max (Jean-Pierre Bacri) organise des mariages depuis longtemps. Pourtant, cette fois-ci, tout ne se déroule pas comme prévu. Les contretemps, les emmerdes et son équipe ont vite fait de mettre ses nerfs à rudes épreuves. Le marié veut un mariage parfait, mais Max est mal parti pour y arriver.

Différentes petites intrigues s’imbriquent les unes dans les autres, et des composantes sont installées pour y revenir par la suite. Cela donne parfois la sensation que le scénario semble cousu de fil blanc. Mais ça fonctionne. Grâce à la mise en place antérieure de certains éléments, l’humour de situation fait la plupart du temps mouche. Et même si certains comiques de répétitions sont faciles et que quelques moments semblent téléphonés, le film reste efficace dans ses procédés. L’histoire lance aussi certaines pistes, mais les réalisateurs les déjouent astucieusement pour ne pas tomber dans le cliché. Par exemple, le couple de mariés qui ne semble pas réellement fait l’un pour l’autre, cumulé au serveur (Vincent Macaigne) qui se trouve être amoureux de la mariée. Tout cela aurait pu mener à un dénouement sans originalité, mais que le film parvient à éviter.

Les réalisateurs parviennent aussi à varier les rythmes et les tons. Les mouvements de caméra arrivent à donner l’énergie au film, et à refléter l’ambiance effrénée en coulisse du mariage. D’autres scènes, plus posées, offrent pour leur part une certaine poésie. Jamais l’émotion n’est d’ailleurs gâchée par un humour immodéré.

On sent que les comédiens s’amusent. Une bonne alchimie règne entre eux et ils campent parfaitement leur rôle. Parmi les acteurs que nous n’avons pas encore cités : Jean-Paul Rouve nous joue un photographe regardant d’un mauvais œil les smartphones lui mâchant le travail ; Gilles Lellouche s’éclate pour sa part en James, un chanteur-animateur un peu lourd, avec lequel l’adjointe de Max, jouée par Eye Haïdara, s’arrachera plus d’une fois les cheveux ; Alban Ivanov, incarnant en serveur simplet, fera quant à lui rire par sa bêtise innocente. Et finalement, Benjamin Lavernhe, avec son rôle de marié, agacera comme il se doit toute la troupe.

Le film parvient à dresser le portrait de personnages qui ont de l’épaisseur, sans pour autant entrer dans les détails de leur vie. Ils sont là, vivants et présents, et le film a la sagesse de ne jamais tomber dans l’excès au niveau de leurs caractéristiques premières, même si certaines redondances dans les attitudes paraissent parfois un peu forcées, présentes avant tout dans un but humoristique.

Finalement, le film aurait certainement pu être plus audacieux ; le mariage n’est pas un total désastre et la fin reste convenue. Néanmoins, Le sens de la fête tire de cette simplicité une certaine qualité. Sans en faire des tonnes, il parvient à faire rire et à nous attacher à ses personnages.

Même rédacteur·ice :

Le sens de la fête

Réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Eye Haïdara
France, 2017
117 minutes