critique &
création culturelle
Les Bureaux de Dieu
Happy Birthday !

Cette année, Claire Simon soufflera les dix bougies de son film les Bureaux de Dieu . Sortie en 2008, cette production franco-belge vogue à la frontière du documentaire et de la fiction.

Sa réalisatrice nous fait prendre l’ascenseur pour monter jusqu’aux bureaux des accompagnatrices d’un planning familial afin que nous entendions différents témoignages dans une atmosphère tendre et dynamique.

Sans préliminaires, Claire Simon nous fait entrer dans le vif du sujet. Un premier rendez-vous, un premier témoignage, une première demande de pilule et nous voilà entrés dans le monde de la contraception, de la sexualité, de l’interruption de grossesse, dans le monde des conseillères et conseillers de ce planning familial. Le thème n’est pas abordé de manière crue, brute, mais n’est absolument pas romancé non plus.

Ce film nous offre la réalité telle qu’elle était il y a dix ans et l’est encore aujourd’hui. C’est cet aspect, fidèle au réel, aux histoires, sans artifice, qui tire vers le style documentaire. En effet, durant cent vingt minutes, les récits s’enchaînent, suivis des décisions de ces femmes qui se retrouvent face à une difficulté. Malheureusement, cette caractéristique provoque un sentiment de redondance et de longueur. Car même s’il est très intéressant de voir comment chaque femme, conseillère ou conseillée, réagit par rapport à une situation ou une autre, ce n’est pas l’action qui émane de ce film et à laquelle il faut s’attendre.

Claire Simon a choisi d’apporter de la proximité entre le spectateur et les personnages et ainsi d’appuyer leurs sentiments.

La fiction, elle, est bel et bien présente grâce au casting. Cette dernière a donné à de célèbres actrices et acteurs les rôles d’accompagnateurs. Nous retrouvons Anne Alvaro, Nathalie Baye, Michel Boujenah mais aussi Rachida Brakni, Isabelle Carré, Lolita Chammah, Béatrice Dalle et enfin Nicole Garcia. Les rôles des nombreuses femmes venant demander conseil au planning familial sont eux attribués à des actrices non-professionnelles par soucis de réalisme. C’est également pour cette raison que les acteurs ne se rencontraient pas entre eux avant de jouer les scènes des entretiens. Le premier contact est fait au moment de l’action, avec connaissance du texte bien sûr, mais avec la surprise de l’émotion.

C’est avec, la plupart du temps, une caméra à main levée et de nombreux gros plan que Claire Simon a choisi d’apporter de la proximité entre le spectateur et les personnages et ainsi d’appuyer leurs sentiments. La caméra à main levée rend certaines scènes plus dynamiques, on y participe. La longueur des gros plans, elle, va aider à poser les paroles et à ce qu’elles restent marquées dans l’esprit du spectateur. Spectateur qui en sait très peu, qui ne sait en vérité rien des conseillers et conseillères du planning. Les seuls moments qui leurs sont consacrés sont les pauses clopes et les déjeuners.

On évoque un mariage, une naissance, un amour pour le théâtre et encore, cet amour nous renvoie directement au thème du film. La pièce évoquée est Andromaque de Racine. Une tragédie où les sentiments sont omniprésents mais malheureusement jamais réciproques, où des décisions doivent être prises n’en déplaise au cœur ou à la raison. Une jolie référence qui trouve sa place autant que celle faite à l’autobiographie de Simone Veil, une dame sans qui le métier des accompagnatrices aurait beaucoup moins de sens. C’est en effet cette ancienne ministre et députée française qui fera adopter la loi dépénalisant le recours à l’IVG.  Cette loi qui, elle, fête son quarante-troisième anniversaire.

Dix bougies seront soufflées cette année par Claire Simon pour son film les Bureaux de Dieu . Un film aux références intelligentes, un film qui met en avant le vécu plus que l’identité qu’il crée, un film aux dialogues doux et justes lors desquelles se côtoient stars et amateurs, un film tiré en longueur par le manque de nouvelles informations, un film au thème intemporel : les femmes. Sa réalisatrice en est une et elle nous fait maintenant reprendre l’ascenseur pour descendre et quitter les bureaux des accompagnatrices du planning familial. Nous avons entendu différents témoignages, différentes histoires qu’elle a recueillies. Nous quittons une atmosphère tendre et dynamique que nous ont fait découvrir ces femmes ayant décidé d’écouter des femmes.

https://www.youtube.com/watch?v=y4LJg78WWuI

Même rédacteur·ice :

Les Bureaux de Dieu

Réalisé par Claire Simon
Avec Nathalie Baye , Michel Boujenah , Rachida Brakni , Anne Alvaro
France / Belgique , 2008
122 minutes