Alors que l’homosexualité n’est plus un tabou chez nous, Wanuri Kahiu nous expose la vision d’un pays conservateur face à l’amour lesbien de deux étudiantes, une grande première pour le cinéma kenyan.
Nous sommes à Nairobi en pleine campagne électorale. Kena et Ziki, filles de deux candidats opposés, ne sont pas destinées à devenir amies. La première, introvertie et androgyne, vient d’une famille modeste. Ziki, elle, vient d’un milieu aisé. Excentrique dans son look, dans ses attitudes et dans ses ambitions futures, elle séduit Kena d’un simple regard… et inversement. Comment ces deux jeunes filles vont-elle réussir à s’aimer dans un pays où l’homosexualité est considérée comme un péché démoniaque ?
Pas de surprise dans le scénario, l’histoire se limitant à ce synopsis. Les dialogues nous laissent également un peu sur notre faim, trop légers. Un sentiment de superficialité et de platitude qui ne débouche sur rien de très profond, et nous voilà perplexes à la sortie de la salle. On a bien compris l’influence et l’importance de la religion, et plus globalement la vision de la population sur l’homosexualité, mais rien de cela ne semble avoir une réelle influence sur l’histoire des deux jeunes filles. De même, leur passion amoureuse se résume à de nombreux regards et quelques dialogues mais j’en garde un goût de trop peu.
En contraste avec la pauvreté du scénario, les images du film sont très bien travaillées et le rendu est magnifique ! Les couleurs flashy donnent un ton moderne à l’idée de pauvreté que nous avons de l’Afrique et qui est souvent représentée au cinéma. La bande son et le jeu urban street des acteurs ajoutent une note de nouveauté et de vivacité à cette ambiance.
Censuré au Kenya
Au-delà du film lui-même et de la bravoure qu’il y a, pour Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva), à s’aimer dans un pays qui le leur interdit, c’est toute l’histoire autour du long métrage qui est intéressante.
La courageuse Wanuri Kahiu, qui a travaillé pendant cinq ans sur ce projet, s’est vue censurée au Kenya et a évité de justesse la prison pour avoir traité d’un sujet encore jamais abordé au cinéma dans un pays où l’homosexualité est toujours illégale. Considérée comme un outil évident pour promouvoir du contenu LGBTI, son œuvre n’a pas été bien reçue par les autorités kenyanes. Ce qui n’a pas empêché Rafiki de faire parler de lui puisqu’il a été retenu dans la section « Un certain regard » du festival de Cannes. De plus, la justice a levé temporairement l’interdiction de projection pour que le film puisse figurer dans la course aux Oscars : seule une salle de Nairobi a pu projeter le film dans le pays durant la semaine de sortie du film (26 septembre 2018).
Amateurs de belles images, de bandes sons fun et originales ou de films politiquement dérangeants, je vous conseille vivement d’aller voir Rafiki . Pour les addicts de love story : restez sous votre couette pour regarder une dixième fois N’oublie jamais .