critique &
création culturelle
The White King
Quand Hunger Games tourne mal

Le jeudi 13 avril au BIFFF a eu lieu la projection du film The White King en présence de Jörg Tittel, son co-réalisateur.

Dans une riante contrée où les gens vivent proches de la nature, les immenses villes ont fait place à de petites communautés agricoles. Le joyeux petit peuple vit sous le regard de l’immense statue du leader bien aimé Hanck le Jeune, le fondateur de la mère patrie. Voilà un bien sympathique tableau : si on retire la statue, ça nous fait une affiche électorale du parti écolo. Sauf que, bien sûr, la mère patrie en question ce n’est pas Hippieland . Bah non, c’est un joli petit État totalitaire comme Marine et Donald les aiment.

Bref, dans cette joyeuse dictature vit Djata, âgé de douze ans. Le petit garçon est élevé par son père et sa mère, tous deux ouvriers. Ce gamin, il ne se prend pas la tête. Bon, OK, son instituteur a la gueule du sergent Hartman de Full Metal Jacket et il adore tester son coup de poing américain sur les mioches récalcitrants (que les professeurs d’élèves turbulents qui n’aient jamais eu de pareille envie lui jettent la première craie) mais à part, ça va. Bon, certes, la scolarité de notre jeune héros ressemble plus aux Jeunesses hitlériennes qu’au Cercle des poètes disparus , mais qu’importe, le sport, c’est la santé. Et qu’importe qu’un beau jour des mecs en uniforme embarquent son paternel vers une destination lointaine et inconnue avec un léger parfum de « toi mon ami, tu vas moisir au goulag », sauf que là, ça coince un peu (ha la la, les enfants, toujours à se plaindre).

Djata va petit à petit se rendre compte qu’être le fils d’un traître à la mère patrie complique quelque peu l’existence…

Jörg Tittel a vraiment eu le chic pour faire son film au bon moment : deux semaines après l’arrivée de l’équipe de tournage en Hongrie, le pays construisait un mur pour bloquer les réfugiés à la frontière ; ensuite, la première projection du film au festival d’Edimbourg eut lieu juste trois jours avant le Brexit ; enfin, la sortie au cinéma se déroula juste une semaine après que Donald Trump fut devenu président. À ce stade, les superstitieux se diront qu’il vaut mieux que Jörg Tittel arrête de faire des films : s’il persiste, Dark Vador deviendra président interplanétaire en 2022.

The White King

Réalisé par Alex Helfrecht et Jörg Tittel
Avec Olivia Williams , Jonathan Pryce , Ólafur Darri Ólafsson , Greta Scacchi
Grande-Bretagne / Allemagne / Suède / Hongrie , 2017
89 minutes

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