Chère A.,

Me voilà toujours bloquée à Bruxelles et ce pour tout l’été je crois.
La traversée des frontières a été rendue difficile ces derniers mois. Ça m’a parfois mise en colère. Plutôt triste souvent.
Ne pas pouvoir retourner dans la maison à la campagne a joué sur mes nerfs.

Quand j’imagine cet endroit, c’est d’abord à toi que je pense tu sais. Ton ombre l’habite.

Enfermée chez moi, je me suis souvent remémorée nos étés là-bas.
Soirées moites de chaleur.

Nuits passées à jouer à se rafraîchir avec ce qu’on pouvait ‒ ce qui nous tombait sous la main.

Une manière de s’évader. Je me rappelle de longues promenades aussi, à l’heure où les rayons du soleil donnaient des teintes cuivrées à tes boucles.

Ta malice, à l’idée de boire des bières dans le service à vaisselle de mon grand-père, me fait toujours sourire. Ces tasses tintaient d’un son si doux lorsqu’on trinquait.

Aujourd’hui encore, je retrouve des souvenirs de toi un peu partout : nos initiales gravées à la main sur le ponton de bois, un dessin dans un tiroir ‒ plan d’une maison rêvée dans laquelle nous n’habiterons jamais ensemble ‒ une mèche de tes cheveux conservée secrètement dans une petite boîte.

Ton départ m’a parfois laissé un goût amer mais ce lieu reste mon dernier repli et je regrette de ne pas avoir pu y retourner cette année…
Alors je me souviens. Ta peau, ton regard, tes gestes. La maison, son odeur, ses recoins.
Et puis nos courses enfantines dans les champs, là où les herbes folles font des incisions invisibles sur les jambes.

À toi,

Z.