Ma chère petite Eunice,

Je suis bien arrivée à Fort Yukon : je peux t’assurer qu’ici, il ne reste plus rien de l’or mythique du Klondike et qu’il faut sacrément plus aimer les rondins que Jack London . Je n’ai encore vu aucun ours , mais contrairement à ce doux-dingue de Timothy Treadwell , je n’ai, à dire vrai, guère de sympathie pour ces poilus.

Un homme du cru me propose de rejoindre une île en hydravion , mais je me méfie des locaux comme de la peste bubonique. On n’est jamais trop prudent ! Je crois que je vais plutôt aller écouter jouer ces deux p'tits gars dont tu m’as parlé 1 dans le seul café à la ronde.

L’année prochaine, si tu veux continuer à participer à l’édification culturelle de ta grand-mère pour Noël, offre-lui plutôt une porte d’accès vers la contrastée et baroque Cuba de Reinaldo Arenas ou l’ Océan Indien d’Ali Zamir.

Je t’embrasse quand même,
Ta mamy Gertrude (qui se les gèle).