Chère,

J’ai emporté pour le relire le Roman d’Oxford de Javier Marías. Les premières pages ont fait surgir mes propres souvenirs de la ville, la brique sombre des collèges et le vert des pelouses. Mais à cette image s’en est superposée une autre. J’ai revu la plage isolée de Saint-Mandrier où j’étais descendu, la première fois que j’ai lu ce roman – il y a combien d’années ? C’était aux premières heures du jour, un vent léger faisait friser la mer, la lumière et la chaleur n’écrasaient pas encore le paysage. Le contexte dans lequel on découvre un livre se mêle à lui indissolublement. L’Oxford de Marías aura toujours pour moi un parfum d’iode et de sable. C’est ainsi que la lecture nous fait doublement voyager. Et que personne ne lit le même livre.

Je t’embrasse,

Christian