Le Copain de la fille du tueur
30 juillet 2018 par Aylin Manço dans Livres | temps de lecture: 3 minutes
Vincent Villeminot connaît ses genres sur le bout des doigts. C’est réjouissant : il prend les conventions les plus en vue de la littérature young adult et en tire un mélange parfaitement cohérent. Le Copain de la fille du tueur est à la fois un roman d’internat, une histoire de sport, un premier amour torride sur fond de montagnes, un roman fantastique, et un thriller palpitant. Pour autant, ce n’est pas du gimmick : le passage entre les frasques de Touk-E et Charles à l’échappée passionnée de Charles et Selma (c’est le prénom de la fille mystérieuse, on finit par l’apprendre) est parfaitement organique et mérité. C’est ce qui fait tout le sel : ce roman est un amas de conventions, mais elles sont utilisées à bon escient, et on ne sent pas les coutures.

Tous ces éléments sont traités très au sérieux, jusque dans leurs conséquences émotionnelles les plus fines. Quand Charles se demande (attention spoiler) s’il ne pourra jamais aimer une fille télépathe, avec toute la perte d’intimité que ça implique, c’est parfaitement déchirant. Les pouvoirs magiques, ce n’est pas simple. Le premier amour non plus.
Les personnages sont, à première vue, criminellement stéréotypés. Charles, le fils de poète est sensible et réfléchi ; Touk-E, le lascar africain fils de dictateur est baroudeur et désabusé ; Selma, la fille d’un chef de cartel mexicain est mystérieuse et rude,… Mais c’est exprès : ça s’inscrit dans le jeu des genres de Vincent Villeminot. De plus, ces adolescents ont un cœur et dépassent bien vite les limites des catégories auxquelles ils sont assignés. Ils se disputent, s’aiment, et grandissent. Le travail des dialogues est particulièrement réussi : chaque personnage a une voix, une vraie voix d’ado, qui scintille par contraste dans cette narration au passé simple, classique et élégante.
On dit parfois qu’une des différences entre la littérature de jeunesse et celle des adultes, c’est la porosité des limites entre genres. Un ado lecteur passera sans trop se poser de questions de la SF à la fantasy puis au roman réaliste. L’offre s’en ressent, et les rayons sont moins séparés qu’en adulte. Ça donne lieu à des livres inclassables, comme le Copain de la fille du tueur. Alors hourra pour la littérature de jeunesse ! J’ai hâte d’en lire d’autres.
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L'auteurAylin Manço
J'écris des romans jeunesse. Ils ne sont pas encore publiés, mais j'ai bon espoir. Je partage le reste de mon temps entre ma passion pour les dessins animés, ma pratique…Aylin Manço a rédigé 13 articles sur Karoo.
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