critique &
création culturelle
Les étoiles s’éteignent à l’aube
Un voyage vers le pardon

En janvier, les éditions Sarbacane sortent une bande-dessinée illustrée par Vincent Turhan : Les étoiles s’éteignent à l’aube . Une œuvre écrite par Richard Wagamese, ou l’histoire d’un voyage vers la montagne entre un père et son fils...

À l’origine, Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman. Paru en 2014, c’est Richard Wagamese, décédé trois ans plus tard, qui l’a écrit. Wagamese était un auteur et journaliste canadien. Il est d’ailleurs le premier indigène canadien à gagner un prix de journalisme national. Mais au-delà du journalisme, Richard Wagamese a écrit des romans, dont celui-ci mais également Jeu Blanc , paru en 2017 et Starlight , paru en 2019.

Les étoiles s’éteignent à l’aube est l’histoire d’un père absent qui demande à son fils de l’emmener vers la montagne afin d’y reposer en paix et qu’il y soit enterré comme un guerrier. S'ensuit alors un voyage à travers la nature de la Colombie britannique. Ce voyage sera rempli de culpabilité, de confessions, de pardon.

Grâce aux illustrations de Vincent Turhan, le lecteur est lui aussi emmené dans ce voyage aux côtés de Franklin et son père. Ses dessins dépeignent parfaitement la confusion, les souvenirs. Ils sont comme un songe dans lequel le lecteur est envoûté. Vincent Turhan est un illustrateur-graphiste de 36 ans. Après sa formation en illustration et bande dessinée, il commence en 2013 à donner cours d'histoire de l’image narrative aux Ateliers et Beaux-Arts à Paris. Les étoiles s'éteignent à l'aube est loin d'être sa première bande dessinée , mais c'est la première avec les éditions Sarbacane.

Il faut attendre une dizaine de pages avant de rentrer entièrement dans le récit et dans le voyage. Mais une fois que l'on y est, le rythme s'installe et l'histoire fait le plein d'émotions. De la même manière, il faut du temps pour que le père arrive enfin à se confier à son fils, et cette longueur se fait également ressentir dans la trame.

On l’a dit, ce voyage parle de culpabilité, de confessions, de pardon. Mais la bande dessinée aborde aussi d'autres thèmes et peut être le point de départ de belles réflexions. Tout d'abord, le récit s'ancre dans les origines et les traditions, celles des indigènes canadiens pour être exact, et du racisme dont ils peuvent souffrir. Ensuite vient la problématique de l'alcoolisme, cette maladie où l'on essaie de noyer ses démons dans un poison, doux mais toxique.

Et enfin, la famille : elle commence par l'amour mais est parfois parsemée de trahisons, de déceptions. Les mensonges peuvent aussi y faire rage. Alors pour faire ses aveux, on attend parfois le dernier moment, on repousse la date butoir et puis on attend encore jusqu'à ce que notre cœur ne puisse plus retenir la vérité plus longtemps.

L'illustration en bande dessinée du récit de Richard Wagamese par Vincent Turhan est touchante. Les étoiles s'éteignent à l'aube est remplie d'émotions et nous emmène à travers l'histoire d'un fils et son père comme dans un rêve. Au fil de la lecture, l’évolution des personnages nous amène à comprendre que le pardon est fragile. Il n’est pas toujours facile à accorder et parfois encore plus compliqué à demander.

Même rédacteur·ice :

Les étoiles s’éteignent à l’aube

À partir d’un texte de Richard Wagamese
Illustration de Vincent Turhan
Éditions Sarbacane, 2022
152 pages