Au départ, Today We Live était un scénario travaillé à quatre mains avec mon mari qui est réalisateur. Mais le cinéma, c’est très lent, il faut énormément de patience pour faire aboutir un projet. J’ai eu envie que cette histoire existe, et c’est comme ça que je me suis mise à écrire un roman. C’est un très heureux hasard, j’ai trouvé ça très libérateur.

D’où vous est venue l’idée de cette histoire ?
Mon mari et moi, on se passionne pour certains aspects de la Deuxième Guerre mondiale. On avait très envie de raconter une histoire d’enfant caché parce que nos deux familles en ont vécu l’expérience. C’est la connaissance de l’opération Greif et de ses soldats allemands déguisés en Américains, finalement assez peu connue du grand public, qui nous a donné le point de départ.

L’histoire se déroule dans les Ardennes belges, on y parle wallon. C’est important, pour vous, cet ancrage local de votre écriture ?
Oui ! J’ai entendu beaucoup le wallon quand j’étais petite, ça fait partie d’une tradition familiale. Il était très important pour moi de faire s’exprimer mes personnages dans la langue qui était la plus souvent utilisée dans cette région-là, à cette époque-là. Chaque langue induit un mode de pensée, et le wallon est extrêmement imagé, très drôle. Il y a une manière de voir le monde et la réalité qui est différente à travers cette langue-là, et je voulais que ces civils dans cette ferme soient très ancrés culturellement.

Comment avez-vous abordé l’écriture d’un roman, en tant que scénariste ?
C’est un grand mystère, je me pose encore la question aujourd’hui. Je suis partie dans l’inconnu. Les scénaristes ont des méthodes, commencent souvent par faire un séquencier avant d’entrer dans le détail. Ici, j’ai commencé à la page 1 et j’ai terminé à la page 239. J’y suis allée à l’instinct, avec mon désir de faire exister cette histoire et ces personnages, et avec l’espérance que ce serait à la hauteur. Ce qui m’est immédiatement apparu comme formidable et neuf, c’est que dans le roman vous pouvez vous permettre de plonger dans la psychologie des personnages. Dans un scénario, tout doit passer par l’action et le dialogue, il faut être extrêmement économe.

Auriez-vous une lecture belge à nous recommander ?
Je ne lis pas beaucoup de poésie mais je trouve que celle de William Cliff est extraordinaire. C’est un très grand auteur. Il y aura prochainement un spectacle au Théâtre 140, à partir de ses textes. (William Cliff et Frédéric Daverio, les 8 et 9 octobre 2015 au Théâtre 140, ndlr. )