Ravel, derniers temps
21 septembre 2015 par Steve Vandamme dans Livres | temps de lecture: 2 minutes
Deuxième volet d’une trilogie de biographies consacrée à d’illustres personnages parfois méconnus, Ravel de Jean Echenoz retrace en une centaine de pages les dix dernières années de la vie du compositeur du Boléro.
Dans ce petit roman réglé comme du papier à musique (je sais : le jeu de mots est facile), ce n’est pas tant la vie d’un artiste de génie au faîte de sa gloire que découvre le lecteur mais bien plutôt celle d’un monsieur-tout-le-monde, avec ses moments de grandeur et de faiblesses, ses côtés attachants et d’autres qui le sont moins : Ravel aime la bonne compagnie, la mode, les Gauloises, un verre de pastis à l’apéro et se plaindre à qui veut l’entendre de sa petite santé. Il est gêné quand, lors d’une soirée organisée en son honneur, on joue sa musique mais il refuse de coacher l’Américain Gershwin qui, admiratif, lui demande des leçons de piano, de crainte que celui-ci n’en vienne à faire « du mauvais Ravel ».
Plus encore que le brillant portrait d’un homme, c’est toute l’atmosphère de ces années d’avant-guerre qu’Echenoz recrée en toile de fond de son récit, cette époque où le jazz commence à se répandre en Europe et où l’on roule à tombeau ouvert dans des bolides « profilés comme des escarpins de souteneur » pour prendre des bains de mer à Saint-Jean-de-Luz en été.
En bref, un roman magnifiquement écrit, illuminé ici et là par l’ironie coutumière de Jean Echenoz, qui s’achève sur un final d’une émouvante sobriété.
L'auteurSteve Vandamme
Enseignant, passionné de littérature (à tendance bibliophile aigüe), grand consommateur de musique, d'expos de peinture et de jeux vidéos.Steve Vandamme a rédigé 7 articles sur Karoo.
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