Joseph est perdu. Il est enfermé dans sa tête. Cette tête qui mène un combat contre son corps. Emprisonné par sa religion protestante ; par son ami David. Joseph pense qu’il est impur, qu’il est mauvais. Pourquoi ? Parce qu’il a des pensées « anormales », « contre-nature », fait des gestes qui le mèneraient directement aux côtés de Satan. Joseph a tout juste 19 ans. Il se cherche tout en pensant qu’il sait déjà qui il est : dévoué à Dieu. Quand il entre à l’université, beaucoup de choses changent. Joseph veut être « pur », et veut étudier pour pouvoir lire la bible dans sa langue d’origine. Mais comment peut-il y parvenir alors qu’il a un tempérament de feu, alors qu’il ne passe jamais inaperçu à cause de sa chevelure rousse qu’il déteste profondément ? D’ailleurs, ce n’est pas la seule chose qu’il déteste. Il ne supporte pas l’idée qu’il ait un corps : ça le ramène à sa sensualité, sa sexualité, qu’il profane et rejette constamment, car sa place n’est pas du côté des pervertis, des « fornicateurs », comme il le dirait. Tout rapport au corps est condamné dans sa tête. Seulement Joseph ne pourra plus s’empêcher d’y penser. Il a beau essayer de faire du mal à son corps ‒ en se couchant par terre sur des lattes de bois ‒ il est peu à peu submergé par ses pulsions… Aveuglé par ses croyances radicales, Joseph n’est peut-être pas prêt à comprendre ce qui le submerge.

Dans cet extrait, David est son ami, mais il peut aussi représenter symboliquement la voix de Dieu. Joseph l’envie, et parfois le jalouse pour la relation qu’il mène avec Dieu. Comme son nom l’indique, David, veut dire « aimé ou chéri de Dieu ».

Joseph est emprisonné par ses idées fanatiques, par son ami David, mais aussi par sa propre culpabilité. Dans l’extrait, tout comme dans l’ensemble du roman, l’auteur montre à quel point le garçon se sent coupable, coupable de quelque chose dont il ne connaît pas l’origine. Cela explique aussi son tempérament de feu, sa colère contre les autres et surtout contre lui-même.

L’histoire de Joseph est peut-être un peu hors du contexte actuel car elle plante son décor dans les années 50, mais en même temps elle traite de sujets intemporels avec les thèmes de la quête et l’acceptation de soi, la libération et le dévoilement de soi face au prisme et aux convenances dans lesquelles on a été élevé.