Publié en anglais en 1980, Enig Marcheur est traduit vers le français en 2012 par Nicolas Richard sous l’impulsion de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture1 . Intéressée par ces œuvres inscrites aux marges de la littérature, cette maison édition propose aux lecteurs francophones de se plonger dans un français découpé, malmené, déformé, miroir du riddley speak , langue inventée par Russell Hoban pour son roman.

Dans un univers post-apocalyptique en 2347 N.C.C. (« Notre Cal Cul ») dû à une explosion nucléaire ramenant l’humanité à l’âge de fer, le roman suit le personnage de Enig Marcheur dans cette nouvelle réalité. Si tout a été détruit, le langage lui aussi reflète ce monde de débris, comme à la manière de Cormac McCarthy dans The Road . Néanmoins, Hoban va bien plus loin en proposant une grammaire complètement déstructurée et un lexique repensé, démarche que Nicolas Richard a gardé dans la version francophone.

Il n’est pas aisé de se plonger dans une telle langue. Et pourtant, c’est un roman qui invite à une lecture plus lente, presque à voix haute, comme un conte qui demande du temps, un temps que nous n’avons plus nécessairement.