Une presque critique de Presque poèmes
Avec Presque poèmes , Jérôme Poloczek délivre une poésie simple, qui voilà, restera là , à portée de main. Un livre à peine plus large que la paume de ma main, un recueil de 99 courts poèmes, des instants, des images tissées de mots.
Un coup d’œil sur une page et un sourire se dessine à mes lèvres. De l’anecdotique, du banal, du général, du petit et du grand qui se retrouvent liés dans la liberté d’un style qui commente le monde. Jérôme Poloczek a un regard qui s’émerveille, et des détails du quotidien bourgeonnent des textes sincères, familiers.
« un sac plastique monte
pourquoi on le regarde ?
parce qu’on dirait une méduse ?
c’est ça
il rend l’air aquatique »
Il est difficile de résumer une œuvre hétéroclite ; chaque poème ne fait que quelques vers, mais arrive à capturer une observation. Et de ce moment évocateur, éclot un ressenti. Le fil rouge est dans ce presque , dans cette ouverture laissée à mon appréciation de lecteur. Car les poèmes ne sont pas finis, clos sur eux-mêmes. C’est à moi d’y inscrire ce que j’y perçois.
« le singe me montre ses dents
je lui balance
ma sandale, il l’a emportée »
On pourrait lire le recueil d’une traite, cul sec, ou alors, après le premier poème, garder les autres pour 98 lendemains. Peu importe, ça se sirote comme ça s’affonne, et puis, j’y reviendrai sans doute pour reprendre une gorgée.
« sur la place pour la convivialité
un sapin de noël
et autour
des barrières de sécurité »
Poloczek arrive à dire sans s’étaler. Quelques mots et l’image se crée, et derrière celle-ci, des sous-textes transparaissent. Ou alors est-ce moi qui surinterprète ? Il faut dire que les textes font très vite écho, et que je ne peux m’empêcher d’y voir une part de moi-même, d’y accrocher mes réflexions.
« rentré je me rends compte
que les personnes rencontrées
j’aurais aimé qu’elles soient des arbres »
Presque pour finir, je dirais qu’il y a en général une force dans la simplicité, et Poloczek en offre 99 exemples dans son recueil. Presque pour conclure, je dirais que 99 poèmes c’est presque 100, alors j’arrondis le compte avec un dernier poème que ma lecture m’a inspiré :
un poème que je lis à l’instant
avant d’écrire le suivant
trois points de suspension
que j’inscris maintenant : …
une poétique tension
qui sera là pour longtemps