J’ai écouté attentivement l’album de Noé et voici que nous nous retrouvons autour d’un café dans un bistrot saint-gillois où il n’a pas ses habitudes. Je l’interromps dans sa lecture, il m’interrompt dans la mienne. Aparté au milieu d’autres conversations, dans les bruits de fourchettes, d’assiettes et de tasses de thé, les voix se mélangeant, une après-midi de novembre. Il voudrait bien demander qu’on coupe la musique mais il ne le fera pas. Derrière le noir dont il est vêtu, derrière sa voix singulière, se cache une inquiétude. Crier en public, ce n’est pas son genre. Il faut que la voix porte vraiment , qu’elle-même porte quelque chose. C’est peut-être aussi cela, chanter. Inventer, avant et après, des mélodies qui porteront au-dessus du bruit ambiant, des mélodies qui réclameront l’écoute, des mélodies si peu bruyantes qu’elles attireront les oreilles pour leur souffler les éclats intérieurs, ceux qui deviennent dicibles le temps d’une écoute. Rencontre en cours de route…