critique &
création culturelle
Viet Cong
chronique d’une fureur transatlantique

Après un premier passage au Witloof Bar du Botanique en février, c’est à l’AB Club de l’Ancienne Belgique que le groupe canadien Viet Cong a déchaîné les foules ce samedi 23 mai. Retour sur les raisons de ce phénomène musical affichant complet lors de chacune de ses représentations belges.

Originaire de Brighton, le groupe Soft Walls a occupé la première partie du concert de Viet Cong . Venus défendre leur dernier album No Time , les britanniques nous ont offert un spectacle relativement terne. Même si leurs sonorités brutes et saturées annonçaient un show intense, nos espérances se sont vues brisées par l’édifiante mollesse de Dan Reeves , chanteur du groupe. Peut-être la fatigue ressentie après cette tournée européenne y a-t-elle joué un rôle. Reeves nous confiait tristement qu’il s’agissait de la dernière date en compagnie de Viet Cong.

Après une pause quelque peu interminable, c’est un groupe enjoué et souriant qui monte sur scène. Viet Cong s’est imposé en début d’année avec un premier album éponyme. Particulièrement bien accueilli par les critiques, ce premier opus oscille entre post-punk et rock garage. En plus du régal que nous procure les sept morceaux de l’album, les prestations scéniques de Viet Cong font de ce quatuor le groupe à suivre de près . En effet, les canadiens ont mis le feu aux planches de l’AB Club ce 23 mai.

La maîtrise parfaite de la structure musicale est particulièrement étonnante. Celle-ci est telle qu’elle nous rend incapables de deviner la couleur mélodique qui va suivre. Ajoutons à cela la voix délicieusement éraillée de Matt Flegel , nous offrant çà et là d’agréables frissons. Mention spéciale au batteur Mike Wallace (ancien membre avec Flegel de l’excellent groupe Women) dont la fougue et la folie offrent un réel plaisir sonore mais également visuel. La symbiose palpable entre les différents membres du groupe ainsi que celle avec le public étaient des plus agréables ; Flegel plaisantant sur le pantalon blanc de son guitariste, ou encore interagissant avec le public.

Il semble impossible de ne pas mentionner le morceau Continental Shelf , ayant plongé la salle dans une atmosphère fiévreuse avec ses sonorités joy-divisionnesques. Viet Cong clôt sa performance avec Death , morceau aux allures psychédéliques offrant une exaltation des sens digne d’un trip sous acide.

Bémol tout de même et non des moindres : la performance atteignant timidement une heure a cruellement laissé le public sur sa faim . Il aurait été malin et plaisant d’allonger les morceaux pour leur prestation scénique, ou d’agrémenter le concert de reprises musicales. Lorsque l’on perçoit les influences du groupe, il est aisé d’imaginer les quelques perles qui auraient pu être interprétées.

Après le concert, ayant eu la chance de pouvoir passer un peu de temps avec le groupe en coulisses, il est évident que ce qui marque le plus lorsque l’on discute avec Matt Flegel sont sa gentillesse et sa simplicité. Sur scène comme en dehors, l’amitié qui lie les protagonistes est évidente et a assurément joué un rôle de premier ordre dans la magnifique composition de leur album (celui-ci étant né sur les routes lors d’une précédente tournée nord-américaine).

Hormis une réserve sur la durée de la prestation, il est difficile de ne pas se sentir chanceux d’assister à une représentation de Viet Cong, surtout dans une salle aussi intime ; phénomène qui, assurément, évoluera. Le groupe sera à l’affiche du festival Pukkelpop le samedi 22 août. Une occasion à ne pas manquer car l’on ne sait pas quand le groupe se reproduira au plat pays.

Un concert de Viet Cong, c’est une véritable frénésie mélodique, expérience sensorielle dont on ne sort pas indemne.

Même rédacteur·ice :