Pendant qu’un groupe de reporters animaliers explore le grand froid sur une banquise qui se craquèle, une famille, bien au chaud chez elle, suffoque sous les premiers effets des troubles climatiques. En alternant tour à tour les deux intrigues, la pièce trouve son rythme et nous entraine avec elle, sans jugement, dans une seule et même réalité, où l’absurde devient la réponse aux prémices d’un cataclysme qui nous dépasse. Bien que les deux récits ne se touchent pas directement, les changements climatiques les impactent tous les deux et permettent de nombreux parallèles.

La narration mélange théâtre gestuel, manipulation d’objets et marionnettes, le tout débouchant sur une esthétique à la fois onirique et réaliste. Les scènes varient les tonalités ; les instants poétiques flirtent avec divers moments comiques et certains passages, plus inquiétants, insufflent à l’ensemble une ambiance pessimiste. L’épisode où un ours et son ourson sont séparés suite au morcellement de l’iceberg sur lequel ils se trouvent fait partie de ces occasions mêlant attendrissement, humour et tristesse.

Les décors, tout comme les récits proposés, sont doubles. Alors que le fond de la scène s’ouvre pour nous laisser voir une maison où un couple et une grand-mère s’accrochent à leurs habitudes, le devant de la scène nous propose pour sa part un espace minimaliste où les reporters, par leur gestuelle, parviennent à nous faire voir l’univers dans lequel ils évoluent. Les deux intrigues évoluent ainsi l’une après l’autre, les deux espaces scéniques se relayant à tour de rôle. Un écran, projeté sur les rideaux occultant le décor du fond, montre aussi parfois les images que les reporters filment à l’aide de leur caméra : une région arctique, une plage de sable, ou encore une envolée en hélicoptère.

Sans un mot, Dimanche parvient à dire beaucoup. La pièce nous touche et se fait le miroir du décalage de notre société face aux dérèglements climatiques. Malgré quelques longueurs, on a affaire à une création utile et qui nous rappelle, comme cette horloge qui fait tic-tac vers la toute fin, qu’il est temps d’agir.