Échos du
Itinéraire dans le Kunstenfestivaldesarts 2017, à la recherche des manières de représenter ce qui ne peut se dire. Partie II : Tarek Ataoui, Mette Edvardsen et Begüm Erciyas.
Le pouvoir que les mots acquièrent ou perdent quand ils sont répétés, la communication sans parole ou la parole sans communication : ces thèmes, qui se sont dessinés dans leur dimension politique dans les œuvres décrites dans la première partie de ce panorama semi-arbitraire, ont résonné dans d’autres créations du Kunsten 2017.
Que deviennent les mots, les phrases, quand ils sont répétés ? Telle était la question qu’il nous restait après Empire , de Milo Rau. Le projet Time has fallen asleep in the afternoon sunshine , de Mette Edvardsen, en offre une approche oblique. Sa proposition : des livres vivants, c’est-à-dire des performeurs qui, parfois depuis des années, ont appris par cœur des livres qu’ils récitent à des lecteurs-auditeurs. Oui, comme dans Fahrenheit 451.
Ici, on n’est pas (vraiment) au théâtre : l’expérience est individuelle. Une lecture, c’est entre le lecteur et son livre, vivant comme papier. On a le droit d’interrompre, de choisir où on se met, et aussi, grande frustration, on ne peut pas tout lire, il faut en choisir un, en fonction des disponibilités. Mon livre, c’est Bartleby , l’histoire d’un scribe, dont le métier est justement de copier à l’identique, mécaniquement. Un jour, il n’en veut plus, « [he] would prefer not to ». Mais la répétition n’est pas (toujours) une copie : mon livre incarne Bartelby depuis des années maintenant. Elle m’explique qu’après avoir été lue-écoutée par des centaines de lecteurs-auditeurs, elle considère la version originale comme celle qu’elle dit, avec ses possibles altérations. Après avoir recouché par écrit sa version, copie à des années de distance, elle n’a pas voulu se reporter au texte officiel. Les réécritures opérées ici portent les traces de la lecture comme processus – la répétition comme vie du texte, pourrait-on dire pour faire signe vers le théâtre.