Domenica vit des invendus du supermarché : elle se nourrit de jambon – périmé – de caviar, parfois – périmé aussi – de pâté – périmé. Chez elle, c’est tous les jours dimanche, mais périmé. (C’est drôle en italien parce que Domenica veut dire dimanche.) Domenica rencontre Saïd ; Saïd travaille à l’entrepôt du supermarché, il porte des cartons. Il va acheter un vélo à Domenica : il peut gagner les sous, il joue à la machine à sous ; d’après les statistiques, à un moment il va gagner. Mais Saïd n’est pas bon en maths – c’est ce que dit la dame des machines à sous, qui est belle et méchante. D’ailleurs, Saïd perd toujours – elle l’avait dit, la dame. Telles sont les histoires cruelles racontées dans Dépaysement : des vies de petites gens, faites de soupe lyophilisée, de rapine et de promesses non tenues, racontées comme des épopées princières.