critique &
création culturelle
SLAMèche, la scène slam enflammée !

Ce vendredi 13 mai c’était la SLAMèche #4 avec Lisette Lombé. On a vu les flammes vaciller avec les mots ! Chaleur et lumière ont envahi la salle commune de Chez Zelle, et pas que…

Chez Zelle, à la maison des jeunes de Louvain-la-Neuve , le vendredi 13 mai, alors que la nuit commence doucement à tomber, de la lumière ainsi qu’un brouhaha léger, émane de la grande salle commune. À l’entrée, deux personnes sont présentes pour nous accueillir en toute simplicité : le prix de l’entrée libre, rend l’évènement accessible à tous·tes. Des carnets customisés et des t-shirts sérigraphiés sont exposés et également vendus à prix libre, ils sont marqués d’un dessin d’une allumette portant une flamme vacillante et/ou l’inscription « SLAMÈCHE ». Lorsque nous entrons dans la grande salle, ces mêmes éléments décoratifs, en plus grands et couleur rouge feu, se détachent du rideau noir du fond de la pièce et illuminent la scène de toute leur prestance. Un micro se tient debout au milieu de la scène, prêt à amplifier les slams qui se préparent à être partagés. Face à la scène, l’ambiance est chaleureuse et bienveillante, les gens sont dispersés autour de tables rondes, sur des chaises, un divan, une table... Pour passer sur scène, les inscriptions sont ouvertes.

La salle, désormais pleine, prête son attention aux deux maîtres de cérémonie qui, avec légèreté et humour, rappellent les règles du slam. Pour le public : applaudir la personne qui vient déclamer sur scène du moment où elle se lève de sa chaise jusqu’à son arrivée devant le micro ; claquer des doigts pour souligner son appréciation ou soutien durant un slam sans couper la personne qui parle ; et applaudir à nouveau lorsque la personne finit son texte jusqu’au moment où celle-ci retrouve son siège. Et pour les slameur·euses : la déclamation se fait a cappella, sans accessoire, et ne doit pas durer plus de 3 minutes. Le slam doit avoir été écrit par la personne qui déclame. Tout propos haineux ou discriminant est évidemment interdit. Maintenant que tout est clair pour tout le monde, la scène slam peut commencer… Sans oublier bien sûr qu’un texte dit, c’est un verre offert !

Une à une sur scène, nous accueillons en premier lieu une dizaine de personnes ayant participé à l’atelier slam précédent la scène ouverte, animé par l’invitée d’honneur de cette édition : Lisette Lombé, slameuse liégoise . Pour certaines d’entre elles c’est un tout premier passage sur scène, et malgré la courte durée de préparation, les textes sont bien construits, originaux, touchants, et l’interprétation, assumée, y est aussi. On remarque alors que le rythme qui est posé par les rimes, les répétitions, assonances, allitérations, et autres techniques littéraires, soutient le fond du message dans la transmission au public et ajoute, de cette façon, une dimension supplémentaire au texte écrit. C’est Lisette Lombé ensuite qui, fière de ce qu’elle vient de voir et d’entendre, clôt cette première partie de la soirée avec un slam assuré, à couper le souffle. L’artiste dénonce, décrit, annonce, crie… Elle nous fait voyager de la puissance de l’amour, à la haine du racisme, au désarroi de la page blanche, à la densité du désir… Les émotions sont diverses et prenantes. Ses mots sont justes, forts, dansent dans nos oreilles, et c’est en variant l’intensité, le rythme, et le volume de sa voix, que Lisette nous entraîne avec elle dans le flot de ses dires et nous quittons presque la réalité de la scène pendant un moment. Après un bref entracte, la deuxième partie de la soirée se lance à son tour et les slameur·euses, dissimulé·es dans le public, sont appelé·es au hasard à venir sur scène.

C’est à travers ces élans spontanés de gens s'exprimant sur scène que j’ai senti la chaleur de la flamme rouge et vacillante se propager partout en moi et dans la pièce. Il y a quelque chose de beau et de touchant dans cette vulnérabilité assumée qui habite chacun·e lors d’un passage sur scène, à nu devant le public. On remarque dans les textes une singularité, et une sensibilité propre à chacun·e, mais qui, dans le fond, touchent à l’universel. Ainsi, malgré la diversité des profils, des textes, des thématiques choisies, des complexités techniques, des façons d’écrire, de déclamer, de saluer un public, nous pouvons sentir dans la pièce qu’il y a une énergie commune, d’écoute et de bienveillance, de nécessité à dire, qui rassemble par-delà les différences. Le rapport horizontal entre le public et les slameur·euses appuie davantage cette bienveillance si particulière au slam. C’est de cette manière que la profondeur et la sincérité des textes partagés se dégagent dans la pièce, dans une ambiance décontractée, d’ouverture.

Le slam rassemble, et, après la scène, le public qui a été touché par des textes différents, vient exprimer son appréciation aux personnes concernées qui, elles-mêmes touchées par un retour, vont, à leur tour, le faire savoir à le ou la slameur·euse qui aura allumé le feu en elles. Ainsi, la bienveillance et la chaleur continuent de se propager même après que la scène slam soit finie, et l’ambiance prête à allonger le plaisir du partage autour d’une bière et de nouvelles rencontres. Je suis ainsi partie de la grande salle, après cette soirée enflammée, le cœur léger mais rempli, inspirée de tout ce qui venait d’être dit, et pleine de bonnes énergies… Vivement la prochaine !

C’est depuis janvier 2022 qu’a lieu, à partir de 20h, à la maison des jeunes de Louvain-la-Neuve, tous les deuxièmes vendredis du mois, un mois sur deux, une scène slam ouverte à tous·tes, à chaque fois précédée d’un atelier animé par un·e invité·e spécial·e.

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