Il lui arrive alors de se reposer sur une base théorique : une pensée et des textes de sociologie, de philosophie, d’économie, par exemple. Il se confronte à un matériau qui, s’il est textuel, n’est pas à proprement parler dramatique, ni même littéraire, et qu’il doit métaboliser comme un élément étranger. Comment le théâtre intègre-t-il ces objets dans son écriture, qui implique une dimension textuelle mais aussi physique, spatiale, visuelle, sensorielle ?

Cette saison, je vais poser cette question à plusieurs spectacles auxquels je consacrerai un article. Je me pencherai de préférence sur des pièces qui ne visent pas à présenter un problème de façon didactique ou à défendre une opinion, mais plutôt à proposer un dialogue entre les formes, examinant alors comment elles intègrent ces objets théoriques dans un projet artistique. Ce qui m’intéresse, derrière les idées et la façon dont elles se développent, est la question de l’écriture : comment l’écriture dramatique, avec ses exigences et ses forces, s’empare d’une autre écriture. La question devient alors double : d’une part, que la théorie fait-elle au théâtre ? Et dans l’autre sens, éventuellement, que deviennent ces objets politico-théoriques une fois mis en scène ? Enfin, quelle notion de politique sort de cette rencontre avec la pratique forcément actuelle qu’est le spectacle vivant ?

Le premier article de la série portera sur le spectacle Amor mundi , à partir d’Hannah Arendt, de Myriam Saduis et Valérie Battaglia, joué au Théâtre Océan Nord du 9 au 19 septembre 2015.