critique &
création culturelle
Like a Snake
les mues de Leaf House

En seulement cinq ans, Leaf House a déjà beaucoup évolué et a enfilé plusieurs costumes. D’un album démo très éclectique à un EP taillé sur mesure pour la scène, en passant par un premier album résolument studio, jusqu’à celui composé sur les plages d’Ibiza, le groupe n’a pas peur de faire évoluer la formule. Bilan avec Romain Kupper, l’un des fondateurs du groupe.

Retrouvez Leaf House dans la galerie Karoo.

Romain Cupper, Leaf House existe depuis cinq ans. Quelle est la genèse du groupe ?

Les deux autres membres fondateurs et moi étions simplement en classe ensemble, en cours de design. On jouait après les cours. Et puis, de fil en aiguille, on a accueilli un troisième, puis un quatrième membre. Aujourd’hui, on est donc cinq.
Un de nos morceaux a plu à un label qui n’existe plus maintenant mais qui, à l’époque, nous a payé des séances de studio. Grâce à lui, on a pu enregistrer un premier album démo, ce qui nous a ouvert des portes : le label liégeois JauneOrange, qui nous produit actuellement, est venu vers nous. On a pu sortir un EP, puis un premier album : LLEEAAFFHHOOUUSSEE ! Un an après ce premier album, on sort maintenant un single, Like a Snake , qui préfigure probablement un prochain EP, même si on ne sait pas encore précisément la forme qu’il prendra.

En cinq ans, comment Leaf House a évolué ?
Quand le premier label nous a contacté, on n’avait qu’un seul morceau à proposer. Alors on l’a joué au bluff en leur disant qu’on avait un album entier qui était prêt et qui n’attendait qu’à être enregistré. Du coup, il a fallu composer cet album en six mois à peine. J’aime beaucoup cet album car il est très naïf : il part dans tous les sens et explore plein de choses. On l’a enregistré en une seule journée. C’est aussi lui qui nous a fait basculer dans quelque chose d’autre. Avant ça, on n’était qu’une bande de potes qui répétait sans aucune autre ambition. C’est grâce à ce label qu’on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire. Cet album a crédibilisé notre travail… à nos propres yeux !

Et musicalement ?
Sur le premier album, il y avait un peu de tout, c’est un mélange de ce qu’on écoutait à l’époque. Quand on a composé Allthafa (le EP, ndlr ), on a réfléchi différemment. On a voulu faire quelque chose pour la scène. On s’était rendu compte que le premier album était super à écouter chez soi ou en bagnole, mais pour le live, il manquait quelque chose. On a voulu y remédier avec cet EP. C’étaient quatre morceaux, hyper-rocks, très rythmés, très glycémiques.
Pour LLEEAAFFHHOOUUSSEE ! , on a tenté de garder cette énergie, tout en revenant à des sonorités proches de celles du premier album, avec plus d’électronique, beaucoup de bandes et de samples. On est parti pendant un mois à Ibiza. Mais loin des clichés et des fêtes de la jet-set. Hors saison, sur une île désertée par les touristes et les clubbers, encore sauvage. On a eu la chance de pouvoir garder gratuitement une villa en l’absence des propriétaires. On était dans notre bulle, on a pu se concentrer sur notre musique. Ça en a fait un album très riche, mais peut-être moins facile à écouter.
Avec le single Like a Snake , on voulait quelque chose de plus catchy , de plus abordable.

D’albums en EP, d’EP en albums, vous peaufinez la formule en fait ?
On est un groupe à réaction ! Après le premier album, on a réagi en faisant quelque chose pour la scène. Après cet EP, on réinjecte dans le premier album de l’électro, tout en gardant le punch. Et enfin maintenant, on propose quelque chose de plus accessible.

Like a Snake , votre nouveau single, fait un usage particulier de la reverb . Comment avez-vous fait ?
La reverb , c’est dans l’ADN de notre groupe. On a toujours utilisé beaucoup de reverb , et souvent à rebours de ce que conseillent habituellement les ingénieurs du son. Ils préconisent d’habitude un seul type de reverb , plus ou moins forte sur les instruments, pour pouvoir situer ceux-ci dans une pièce fictive. C’est son aspect fonctionnel. Ce n’est pas ce qui nous intéresse chez elle. Nous, on utilise des reverbs différentes sur chacun des instruments, ce qui contribue à donner cet effet étrange que nous ne jouons pas dans la même pièce. Donc la reverb , qui doit être là pour guider l’auditeur dans une pièce imaginaire, chez Leafhouse, perd cet effet en créant un volume abstrait et difficilement saisissable.

Et l’avenir ?
On a surtout envie de continuer comme on l’a toujours fait. C’est-à-dire ne pas sortir deux fois le même album, le même morceau. On veut essayer de nouvelles techniques et de ne pas perdre l’idée que nous faisons surtout de la musique pour nous-mêmes. Si ça plait aux autres, tant mieux ! On voudrait surtout continuer à surprendre !

Et concrètement ?
Là, on sort le single Like a Snake : on attend un peu les retours pour voir comment on va évoluer, mais on a déjà des choses en préparation. Sur scène, on a toujours voulu pouvoir jouer presque à l’identique les morceaux enregistrés en studio. Ce qui impliquait pas mal d’électronique. Maintenant, on s’est mis au défi d’y parvenir sans artifice. Ce qui implique de modifier les morceaux pour les adapter au live. Cela donne un nouveau souffle au set . Le premier concert dans cette nouvelle approche aura lieu le 2 octobre au Luxembourg.

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