critique &
création culturelle

Just Be de Laura Pannack

Fond d’écran (27)

Fond d’écran, c’est une image, une peinture, une photo… En quelques lignes, pourquoi et comment elle a laissé une empreinte indélébile sur votre rétine ! La plateforme f/75 , regroupant des photographes s'identifiant comme femmes, non-binaires ou non-cisgenres, se prête au jeu et se penche sur le travail de concitoyen·nes.

J’ai choisi une photographie de Laura Pannack issue de son recueil de photos « Image of the week ». Laura Pannack est une photographe documentaire britannique. Portraitiste, elle explore la relation entre le photographe et le photographié « J’apprends le plus lorsque je marche avec un appareil photo ; sur moi-même et sur la société que je partage. Je m’engage. Je m’arrête mentalement. J’écoute. ».

Je retrouve dans ses photographies l’impression d’avoir des souvenirs qui ne m’ont en fait jamais appartenu. Le fait que cette photographe se penche sur des sujets tels que l’enfance et l’adolescence me font replonger dans une période qui n’est pas si lointaine.

Au-delà de la douceur des couleurs de ses images, elle sait comment approcher son sujet pour que le spectateur ait l’impression d’être dans la même pièce.

Dans ses photographies, Laura Pannack nous partage ses ressentis, ses voyages et ses rencontres, ce qui nous plonge dans une sorte de roman photographique et nous emmène alors dans chacune de ses prises de vue.

J’ai été touchée par l’essence que dégageait cette photo choisie. Deux sœurs assises sur un canapé, l’une tenant dans ses bras la plus jeune tout en fixant l’objectif. Il n’y a donc pas forcément besoin d’artifices ou de scènes rocambolesques pour toucher son audience.

Ayant moi même une grande sœur, cette photographie m’a touchée intimement. J’y retrouve la protection de l'aînée, l’attention portée sur chaque faits et gestes…

La jeune fille regardant l’objectif semble sur la défensive. En regardant la photographie, j’ai l’impression de l’interrompre dans une possible activité. En me plongeant dans son regard, elle devient le centre l’attention de l’image. Nous ne nous soucions plus de ce qui l’entoure, elle perd alors ce rôle d'aînée, de protectrice et devient la protagoniste. La main posée sur le ventre de sa petite sœur, le port de tête et son regard fixe absorbent chez elle l’innocence dont elle pourrait faire preuve et laissent place à une certaine lucidité de ce qui l’entoure.

À force de maintenir son regard, je ne vois plus la photographie, je suis dans la photographie. Je pourrais deviner ce qu’il se passe autour d’elle, et ce qu’il a pu se passer avant cet instant décisif. J’entends presque les bruits environnants.

Cette scène n’est donc pas anodine, elle renvoie à des souvenirs intimes. Ce qui fait d’ailleurs la force de cette photographie. Nous sommes touchés par les autres parce qu’ils nous renvoient à une émotion personnelle.

Mahaut Delobelle

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