Quand on commence à s’intéresser au whisky, c’est un peu comme quand on commence à s’intéresser au vin. Au début, on parcourt les rayons des grandes surfaces à la recherche de la bouteille . Mais, noviciat oblige, on n’y connaît pas (du moins pas encore) grand-chose. Alors la bouteille, c’est surtout une bouteille qui colle le mieux possible à notre imaginaire du vin ou du whisky.

Pour le vin, c’est un nom de domaine qui rassure (voire qui impose), un joli dessin de château, un bouchon de liège, et le millésime le plus vieux. Bien sur, au fur et à mesure de l’éducation du palais, aucun de ces critères ne se révèlera déterminant pour la suite.

Pour le whisky, ce serait un nom celte (si possible imprononçable), un bouchon de liège, un âge qui nous semble respectable. Comme pour le vin, les dégustations prouveront qu’aucune de ces références n’est vraiment fiable. La Caol Ila, douze ans d’âge, n’a pas été ma première bouteille (pas loin quand même), elle reste cependant l’archétype de ce que, pour moi, devrait être une belle bouteille de scotch.

Une bouteille à ampoule en verre fumé (il faut s’en verser une larme pour apprécier la robe de son contenu), un bouchon en bois et liège, et surtout, surtout cette étiquette carrée, blanc cassé, pile au centre de la bouteille. L’art de tout dire sans en faire trop ? C’est un fin cadre noir, un nom qui sonne bien calédonien, dans une jolie typo, avec la mention de l’âge en chiffres rouges, et du lieu légendaire d’où elle provient : Islay.

Cette étiquette, c’est presque l’application, à l’imaginaire du whisky, de la ligne claire de Hergé (d’ailleurs, s’il ne buvait pas du Loch Lomond, entre deux jurons, gageons qu’Haddock boirait probablement du Caol Ila). En parlant bandes dessinées, il y a parfois des livres qu’on voudrait juste pour le plaisir de les laisser traîner dans le salon, juste parce que l’objet livre est magnifique. Tant pis si le texte n’est pas la hauteur du travail d’édition.

C’est aussi le cas pour certains whiskies, dont les bouteilles ravissent les yeux, avant le palais. On pourrait se contenter d’avoir une bouteille de Caol Ila dans son mini-bar, juste pour le bonheur d’avoir une très jolie bouteille, et rêver de châteaux en ruine, sur les bords des lochs de la sauvage Islay. Ce serait pourtant se priver d’un très, très bon whisky. Mais bon, pour une fois, le propos n’est pas là.

Et d’ailleurs, à propos de rien, maintenant, j’ai soif…

Allez, sláinte, comme on dit là-bas !

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