critique &
création culturelle
Zoo au MIMA
Carnaval désenchanté

Pour fêter la rentrée, une rédactrice Karoo vous raconte son safari pop à l’exposition Zoo , consacrée à l’art de l’anthropomorphisme, lors de la nocturne du MIMA.

L’Homme-Lion de Hohlenstein, le mythe grec d’Europe, le Sphinx de Gizeh, le lapin blanc d’ Alice au Pays des Merveilles , la Ferme des Animaux d’Orwell ou encore Toy Story , tous ont un point commun : l’attribution de comportements ou de traits physiques humains à des animaux ou à des objets. Ce sont ces représentations anthropomorphiques que les deux commissaires d’exposition, Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt , ont choisi pour fil rouge de la dernière exposition en date du MIMA.

Jean de La Fontaine dotait les protagonistes de ses fables d’une conscience et de failles pour délivrer ses célèbres morales, les artistes de Zoo s’emparent des codes du pop art, des cartoons ou encore de la publicité qui d’ordinaire promeuvent un capitalisme triomphant pour dresser un portrait satirique de notre société contemporaine.

Loin des édulcorants typiques des machine à rêves, Ryan Travis Christian revisite ce qui semble sortir tout droit des premiers Walt Disney. Les scènes deviennent sinistres, mélancoliques voire angoissantes. Pabl o Dallas, quant à lui, donne corps à des personnages hybrides, des mutations cauchemardesques. Les Trois Petits Cochons se dédoublent et se fondent dans un magma de corps dégonflés, désarticulés.

En détournant objets du quotidien et personnages de dessins animés, ces artistes, comme Parra, Todd James ou Steven Harrington, posent au fil des étages un regard critique sur notre condition humaine, l’hyperconsomma tion, la violence des armes ou encore le processus de création artistique.

L’apothéose de la visite est sans nul doute le parcours immersif imaginé par l’artiste lituanienne Egle Zvirblyte. Après une réécriture du mythe du péché originel et dans une explosion de couleurs, des Vénus psychédéliques, héritières des Nanas de Niki de St-Phalle se déhanchent entre champignons vénéneux, bananes caractéristiques de l’artiste, et roue de la fortune.

Ces 64 m² de folie douce à la Yayoi Kusama forment une installation hypnotique, ode à la liberté de la femme. Dans un espace clos au cœur du tumulte de ce feu d’artifices, une géante gonflable fait face aux démons de son propre reflet, comme un roseau qui plie mais ne rompt pas.

Entre dessins originaux, installations et sc ulptures dans des matériaux inattendus, le MIMA réussit le pari d’exposer une jeune génération d’artistes militants dans une proposition accessible pour toute la famille. Même si certains resteront sceptiques devant les cyborgs à fourrure de Mart í Sawe , les différents niveaux de lecture des œuvres de ces descendant.e.s d’Andy Warhol, Keith Haring, Roy Lichtenstein ou encore Takashi Murakami devraient en séduire plus d’un.e.

Même rédacteur·ice :

ZOO

Les artistes : Parra (NL), Pablo Dalas (FR), Egle Zvirblyte (LTU), Todd James (US), Russell Maurice (UK), MARTÍ SAWE (ES), Ryan Travis Christian (US), Rhys Lee (AUS), Finsta (SW), Laurent Impeduglia (BE), Jérémy Bobel (FR), Guillaume Fluzin (FR), Robin Divrande (FR), Paul Follezou (FR), Félix Reuter (FR)

Direction artistique : Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt

À voir au MIMA du 31 janvier 2020 au 3 janvier 2021