critique &
création culturelle
Concours
Reine Elisabeth 2017
,
pour la première fois sous le signe du violoncelle

Les demi-finales du concours Reine Elisabeth se tenaient cette année à Flagey. Ce mardi 16 mai, les prestations battaient leur plein. À l’instar de l’organisation des sessions de violon et de piano, chaque interprète effectuait un concerto classique et un récital avec piano. Huit candidats se sont succédé sur la scène, pour plus de six heures de musique !

En commençant par les concertos

La partie des concertos s’ouvre avec Brannon Cho, un américain de vingt-deux ans. Il nous offre le premier concerto de Haydn en ut majeur, avec une entrée en matière timide, mais il gagnera en fougue par après. Brannon Cho s’élance avec puissance, et son interprétation culmine avec une telle fougue, que j’oserais presque la qualifier de « coup de poing », tant la réalisation est énergique.

Thomas-Michael Auner, autrichien de vingt-six ans, joue le deuxième concerto de Haydn. Malheureusement, son instrument était légèrement mal accordé. Les aigus infligeaient une relative souffrance auditive mais ne gâchaient pas le plaisir de l’écoute. Il joue avec une certaine virtuosité, mais semble comprendre que ses aigus sonnent faux, ce qui affecte sa concentration.

Et en terminant par les récitals

Santiago Cañòn Valencia nous propose une suite de Bach imposée. Il a choisi la sixième, très expressive et toute en finesse. Ensuite, la sonate en ré mineur de Shostakovich, en terminant par les variations sur un thème de Paganini de Bottermund.

© visitbrussels.be
Comme on peut le voir, un programme finalement assez traditionnel mais efficace ! Son programme semblait lui convenir à merveille et ça lui a réussi. Nous avons eu droit à un très beau Shostakovitch, très maîtrisé tant au niveau technique qu’au niveau de l’« âme Shostakovitch », un subtil mélange de finesse et de virtuosité. Cependant, les variations Paganini m’ont déçu par leur aspect fade et insipide. Mais cela peut se comprendre étant donné que, dans ce genre de pièce, le but recherché est la virtuosité.

C’est au tour d’Irena Josifoska d’entrer en scène, très énergique, voire trop tendue…

Elle commence par les « Variations sur Bei Männern », de Beethoven. Le thème vient du célébrissime opéra Die Zauberflöte de Mozart, et plus précisément d’un duo entre Papageno et Pamina. Ce sont des variations de style, ce qui diversifie un peu son programme (qui d’ordinaire sont assez sobres au Reine Elisabeth). Ce n’était toutefois pas très brillant techniquement, peut-être cela était-il dû à son visible stress.

Elle enchaîne avec « Chacun sa Chaconne » de Van Parijs (un nom pour le moins original), sans grande saveur. Mais cette insipidité n’était sûrement pas la faute de l’interprète, mais plutôt de l’œuvre en elle-même qui est au départ déplaisante.

De manière générale, ses notes dans le médium ne sont pas non plus très justes (surtout dans le Schumann), pour une raison qui m’est inconnue. En revanche, bien que Debussy ne soit pas dans mes compositeurs coup de cœur, je dois bien avouer que la sonate était très bien interprétée.

L’annonce des résultats de cette session placent Santiago Cañòn Valencia et Brannon Cho au rang de finalistes : ils finiront respectivement troisième et sixième prix de cette édition 2017 !

Valentine Cordier et Ruben Goriely (relecteur)

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