critique &
création culturelle
Stannum
le nouvel élément du rock fusion belge

Une bande de potes dont le plus âgé n’a que 21 ans décide de former un groupe : Stannum. En deux mois, ils sortent deux singles. Véritable ovni musical aux influences indénombrables, le groupe se compose d’Abel et Emmanuel (guitares/voix), de Luc à la basse, et d’Hugolin à la batterie. J’ai eu l’occasion de les interviewer en vidéoconférence.

Stannum est le nom latin de l’étain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces nouveaux venus dans le monde du rock belge forment un électron libre ! Abel raconte la naissance du projet : « On est amis d’enfance avec Manu, au départ on composait dans mon grenier, on passait des nuits entières à écrire des chansons en buvant des bières. Puis j’ai rencontré Luc. » Très vite, le groupe cherche un batteur. Après une première expérience avec un jeune Binchois, Hugolin rejoint finalement les rangs.

Avec deux membres originaires de La Louvière, un Namurois et un Français, le groupe est majoritairement wallon. Il est assez difficile de définir le style de Stannum, et c’est aussi ce qui rend le projet intéressant. Les membres eux-mêmes ont du mal à trouver les mots : « On n’a pas vraiment décidé, c’est venu naturellement ! On a tous nos influences propres et chacun a apporté sa pierre à l’édifice. On s’est adaptés les uns aux autres », commente Luc. Les influences communes sont variées : Red Hot Chili Peppers, Iron Maiden, AC/DC…

Abel poursuit : « On a aussi des influences classiques, par exemple en termes de progression d’accords. Personnellement, je suis accro aux mélodies et aux tensions, à l’ambiance en général. » Luc, quant à lui, est très marqué par le jazz, et cela se ressent d’ailleurs beaucoup dans les premières compositions du groupe. « En tout cas, l’élément commun entre nous, c’est le rock », conclut Emmanuel.

En résumé, un melting-pot d’influences, que Stannum arrive à fusionner en une musique originale. Hugolin précise à ce sujet : « Ç a va encore se construire, pour l’instant on ne sait pas trop ce qu’on fait, mais on le fait ! ça ne fait que deux mois qu’on joue ensemble, il va forcément y avoir une évolution. » Pour le futur, le groupe envisage d’ailleurs d’ajouter une contrebasse.

Un premier EP devait voir le jour en juin, mais avec la crise du coronavirus, sa sortie est reportée à septembre/octobre. « À court-terme, on va sortir l’EP en entier, on aimerait retourner en studio rapidement. Trouver un producteur aussi, parce-que le Do It Yourself a ses limites. Et puis s’habituer à la scène en faisant des concerts, après la période de confinement bien sûr », explique Emmanuel. « On a continué à composer chacun de notre côté, mais pour l’instant, c’est un peu en stand-by, forcément… ». L’étape suivante sera la réalisation d’un clip. Quant aux ambitions à long-terme, Abel est optimiste : « O n vise le rêve, grimper le plus haut possible et rencontrer des artistes. » Ce à quoi Hugolin ajoute : « Rien n’est inaccessible, le tout c’est de continuer à s’amuser comme on le fait. »

Un EP qui se profile

Coronavirus ? Qu’à cela ne tienne ! Pendant le confinement, Stannum a déjà sorti deux singles : Homeless et Fox.

En termes de composition, Emmanuel explique : « Avec Abel, on trouve le squelette, puis on réarrange les structures, avant qu’Hugolin et Luc ajoutent leurs parties. Entre le morceau qu’on pond avec Abel et le morceau final, il y a beaucoup de chemin parcouru. »

Fox est sans aucun doute mon coup de cœur ! Avec un côté très old school , le morceau commence par un riff de guitare très accrocheur. Puis arrive une montée en puissance qui débouche sur l’entrée des voix. Le morceau est très précis, maîtrisé, et a le potentiel pour faire bouger un public.

Les lignes de basses sont précises et interviennent toujours au bon moment. Luc, le bassiste, a d’ailleurs « une vision très mélodique de l’accompagnement », et cela se ressent. Une vraie place est laissée à la basse et à la batterie, qui ne sont malheureusement pas toujours mises suffisamment en avant dans d’autres groupes.

Fox est un morceau bien construit, sauf sur la fin, qui aurait peut-être mérité un coup de punch. Homeless est peut-être un peu moins précise. Ce qui est marquant ici, c’est qu’Abel doive je pense mieux poser ses notes, sans essayer de faire trop d’effets. L’accent anglais me dérange plus dans ce morceau aussi. Même la basse, funky, est moins précise. La partie de batterie n’est pas très complexe mais fonctionne très bien avec son aspect jazzy . Le solo de guitare typiquement hard rock, par contre, décoiffe !

En avant-première, j’ai pu écouter les trois autres titres que comprendra l’EP, et on peut dire que Stannum compte envoyer du lourd, en restant dans la lignée des deux singles déjà sortis. La batterie semble plus affirmée. Des parties de piano donnent l’impression d’être dans un club de jazz. La mélancolie s’invite dans un des titres, qui se rapproche presque d’une balade d’un groupe de hard rock des années 80, propulsé en 2020.

Le dernier morceau comprend un passage où le chant est parlé, avec une référence clairement rap. Ce qui est audacieux, car ce n’est pas simple, mais le flow est déjà bien posé ! La production est bonne, tant dans le mix que dans le mastering. Je ressens en tout cas beaucoup de choses quand j’écoute Stannum, y compris l’alchimie évidente entre ces quatre musiciens. En bref, sortira bientôt un EP prometteur et déjà bien maîtrisé par des jeunes dont on voit qu’ils sont amis, avant tout !

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