critique &
création culturelle
La Feria d’art :
rendre l’art accessible à tous

Les 18 et 19 septembre derniers s’est tenu la Feria d’art, au See U, à Bruxelles. Le concept est inédit : un marché d’art pluridisciplinaire rassemblant des artistes amateurs et professionnels dans un même endroit. Vivement la seconde édition.

Il doit être un peu plus de 16h, ce vendredi 18 septembre. Il fait chaud, c’est dire que nous vivons un mois de rentrée bien particulier. Transpirant, inédit et estival. Mais c’est agréable. Les derniers rayons du soleil avant l’automne font oublier le Coronavirus l’espace d’un instant. Les musées, les théâtres et les cinémas ont rouvert leurs portes depuis quelques mois. Les contraintes sanitaires ne semblent pas freiner les projets et les initiatives artistiques en tout genre. La culture sort – enfin – la tête de l’eau.

La lumière éblouissante du soleil réfléchit dans les vitres d’une structure imposante à la brique rouge : l’ancienne gendarmerie Fritz Toussaint d’Ixelles, située au numéro 8 de la rue éponyme. Rebaptisé See U , le site accueille désormais une série de projets dont des parcours d’artistes.

L’un des bâtiments héberge la Feria d’art , un marché d’art pluridisciplinaire où artistes professionnels et amateurs se confondent et exposent ensemble. L’objectif ? Proposer une diversité de petites productions à un prix abordable, donner de la visibilité à des artistes et permettre au public de découvrir et d’accéder à des œuvres originales hors du circuit traditionnel de l’art.

Mais qui se cache derrière ce projet ? Un groupe de cinq amies : Lisa, Pauline, Mel, Ariane et Nina qui, à la fin du confinement, ont eu l’idée géniale de mettre en place une foire d’art dans notre belle capitale. Le concept est inédit et tout droit inspiré du Chili et plus précisément des Ferias del arte contrabenda , des sortes de brocantes d’art où les artistes locaux exposent et vendent leurs œuvres dans la rue à des prix raisonnables.

« On s’est rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup de possibilités. Tu vas soit chercher des produits industriels et manufacturés pour ta décoration chez Ikea ou tu vas en galerie et ce sont directement des prix très élevés. On s’est donc dit qu’une foire était une chouette alternative » , explique Lisa Faveyrol , une des fondatrices de la Feria.

« On a lancé l’appel aux artistes en mai. Pour rentrer dans nos frais, on devait avoir à peu près 35 candidats, on a eu 80 réponses ! »

Visiter, tout un art

Les 48 stands de la Feria étaient alignés les uns à côté des autres et en vis-à-vis, de telle sorte qu’ils formaient, au milieu, un large couloir dans lequel le visiteur était invité à s’engager, au gré des œuvres exposées. À l’instar d’une brocante, il fallait opter pour la bonne stratégie afin d’être certain de ne pas passer à côté de LA pièce à dénicher. Regarder de gauche à droite en tournant la tête dans tous les sens, suivre un seul côté du regard pour ensuite réaliser un deuxième tour et découvrir l’autre côté, zigzaguer, obliquer, faire demi-tour, etc. Les techniques des visiteurs étaient variées, mais tous repartaient avec une mine enjouée.

« Le cadre était assez sympa et en plus c’était gratuit. Il y avait une ambiance familiale et décontractée, tout était agencé pour faire le tour dans le calme et les mesures sanitaires étaient bien respectées. On en oubliait presque le Covid. Ce qui m’a manqué ? C’était un flyer général qui reprenait tous les artistes et ce qu’ils proposent. J’aurais bien aimé avoir une vue d’ensemble de toute la foire et de ses exposants » , témoigne Justin, un visiteur enthousiaste.

Chaque stand se présentait comme un aparté avec le visiteur. Un moment privilégié de rencontre, de partage et de découverte avec les artistes.

« Pour moi, la Feria d’art était une occasion de rencontrer des gens : je viens d’arriver à Bruxelles. Elle permet d’échanger avec les autres artistes et de découvrir le monde artistique amateur. Cette foire était aussi une manière de m’imposer une date limite à la fin de laquelle je devais avoir produit un certain nombre de contenus » , explique Évangeline, jeune artiste exposante.

Une proximité si patente qu’on en oublie le côté plus pédant et sélectif des galeries d’art, tenue galante, grandes pompes et verres de champagne à la main. Ici, l’art est accessible pour tous. En sillonnant l’allée, en scrutant les dessins, en interprétant les plus abstraits, le spectateur lui-même devient expert ou conservateur pour un moment. Peut-être même a-t-il envie de s’essayer à cet art, à son tour...

Des œuvres et des techniques variées

Au programme de cette foire ? Des œuvres variées, éclectiques et uniques, entre toiles, photographies, dessins, gravures, livres customisés, etc. Une gamme variée d’œuvres pour une gamme variée de prix ne dépassant pas les 50€. Les techniques, elles aussi, étaient multiples : peinture à l’huile, pastels, crayons, lithographie, impression, tag, graphisme, dessin sur Ipad, etc. Bref, il y en avait pour tous les goûts !

Le succès était-il au rendez-vous ? Près de 1600 visiteurs. Pas mal pour une première édition. Les organisatrices de l’événement s’en réjouissent. « On a eu de bons retours, le public était content et les artistes ont pu rembourser leur stand. Ils payaient 50€ pour les deux jours. L’idée était qu’en vendant une œuvre, ils rentabilisaient leur place. Certains ont même très bien vendu » , confie Lisa.

Vous ne voulez pas manquer la prochaine Feria ? Il n’y a pas encore de date prévue pour une seconde édition, mais elle est en pleine maturation : « On pense organiser une feria tous les 4-5 mois. On aimerait bien changer de lieu et d’artistes pour chaque édition afin que l’événement puisse se renouveler. Vers Noël, cela pourrait être chouette. On voudrait aussi aller plus loin et proposer, en plus du marché d’art, des workshops et des ateliers d’artistes. On aimerait aussi donner de la visibilité aux artistes du son et avoir une véritable programmation musicale ».

Alors, ça vous tente ? Bloquez déjà votre mois de décembre !

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