Le XXème siècle est le siècle des grandes écrivaines françaises qui, alors étouffées par le patriarcat et le sexisme de leur temps, marchent de l’avant pour imposer leur voix. Beauvoir, Duras, Yourcenar et bien d’autres avancent main dans la main contre les inégalités dont elles sont les victimes tout en portant la voix de leurs prédécesseuses telles que La Fayette, Sand ou Olympe de Gouges.

L’une d’elles, peut-être la plus connue, a marqué nos esprits et nos bibliothèques par la puissance et la spontanéité de son écriture. Je parle ici de Colette , femme de lettre morte dans les années 1950 et mariée assez jeune à Willy, écrivain de renom (bien que ses romans étaient principalement écrits par des nègres littéraires). Il incarnera un tremplin dans les débuts de la carrière de Colette grâce à ses contacts et à son influence dans le milieu, mais aussi et surtout parce qu’il permet de faire publier les premiers livres de Colette en les signant de son nom.

Nous parlerons ici de l’un de ses nombreux ouvrages et sûrement l’un des meilleurs : La Vagabonde . Elle y décrit la vie d’une femme mariée puis divorcée, René Néré, qui tente de se débrouiller dans le Paris du XXème siècle. Que vous connaissiez cet ouvrage ou que vous soyez un simple amateur de littérature féministe, je vous laisse (re)découvrir ce chef d’œuvre de la littérature française.

L’histoire se déroule après un dur divorce causé par les nombreuses aventures de son ex-mari. Dès lors, la jeune femme prend sa vie de célibataire en main et entre dans le monde de l’art et du spectacle pour subvenir à ses propres besoins. Décrite comme femme de lettres qui a mal tourné, René nous fait entrer dans l’univers du spectacle et des tournées. Elle y rencontre de nombreux admirateurs dont l’un plus tenace que les autres : Max. Plus jeune et plus riche qu’elle, il veut et peut lui offrir une vie plus saine et paisible que celle des loges et des café-concert . Le roman nous présente une femme touchée par les tourments de l’amour, de la vieillesse, de la société et de ses propres pensées. La lecture de cet ouvrage déroule une peinture aux mille couleurs, odeurs et sens. Jeux d’ombres et de lumières passant du brouillard et de la crasse aux paysages pittoresques de la campagne lors d’une pause loin des tourments de la ville. Colette écrit surtout sur l’ardeur du Paris de l’époque : les spectacles d’ artistes de café-concert, l’homosexualité, la séduction, les applaudissements, la sueur et la volupté des corps… Fortement inspiré de sa propre vie, le roman est divisé en trois parties durant lesquelles nous voyons la vieillesse et les épreuves de la vie la toucher progressivement.

C’est le livre d’une femme forte, qui nous montre la dureté de la vie, des hommes, des femmes et de la société. Elle nous parle du rejet des uns et de l’admiration des autres, de la pauvreté, de la dignité, de l’amour et de ses difficultés. Son combat intérieur est le plus passionnant car c’est celui qui nous touche le plus, c’est le combat entre le cœur et la raison que nous avons tous vécu. Victoire sur les autres et victoire sur soi se chevauchent pour un dénouement des plus puissants.