L’extrait proposé ici se présente sous la forme d’un très court collage.

Le pape1 est fusillé par des révolutionnaires libertaires (scène A). Le crépitement des armes, hors-champ, précède les déflagrations du peloton d’exécution, lesquelles surprennent un bourgeois en plein pique-nique (scène B).

Art audacieux du saut entre deux lieux, deux époques, deux atmosphères antinomiques. La géniale transition sonore mène à l’interprétation pacifiée de la violence partisane dans le cadre d’une partie de campagne. La terreur s’est muée en inquiétude paisible.

Mais alors qu’on croyait avoir tout vu/entendu, Jean (le plus jeune des deux pèlerins, interprété par Laurent Terzieff) répond de surprenante façon à l’interrogation du pique-niqueur. Aucun risque lié à la proximité d’un champ de tir, ce n’était rien d’autre qu’un rêve : le mien.

Et Buñuel de nous laisser, au terme de ces vingt secondes, sur ce rassurement inquiétant. Tout va bien : vous avez simplement entendu le son de mon fantasme.