critique &
création culturelle
Sufjan Stevens
Carrie & Lowell Une sérénité retrouvée

On était nombreux chez Karoo à se réjouir de la sortie d’un nouvel album de Sufjan Stevens. Depuis plus d’un mois, Carrie & Lowell tourne donc sur nos platines. Et pourquoi pas le découvrir en quelques clips ?

Spirit of my silence, I can hear you
But I’m afraid to be near you

Tels sont les premiers mots prononcés par Carrie & Lowell .

Un arpège trahit un silence, et surprend une intimité qui soudain s’éveille.
La musique, indomptable reflet de l’artiste, a ici sa propre conscience. Elle est à la fois pulsion et maîtrise, elle effraie et rassure. Death with Dignity représente toute l’ambivalence de la créativité. D’un côté, sa sobriété aide à respirer ; de l’autre, elle nous guide vers la nostalgie.

Arrive Should Have Known Better , qui revient sur une enfance trahie. Elle se construit en deux temps : d’abord le regret de ne pas avoir été assez alerte pour se prévenir des malheurs de l’abandon ; ensuite la sérénité, acquise grâce à l’expérience du temps. Should Have Known Better annonce déjà une certaine résignation.

Did you get enough love, my little dove, why do you cry ?

Fourth of July . Date de la mort de sa mère, probablement. Chanson éthérée et pessimiste, avec laquelle l’interprète redonne une voix à celle qui lui manque.

Étrangement, la chanson Carrie & Lowell respire. Rythmée et souriante, elle est le contrepoint d’un exode sentimental, et figure quelques rares images positives.

Tout au long de cet album, Carrie & Lowell font vaciller la sérénité, ils la questionnent. Carrie serait la nostalgie, Lowell la volonté. Sufjan Stevens hésite entre l’apaisement et la résignation ; sans doute sont-ils le passé, que Stevens essaie d’estomper. Jusqu’à ce dernier titre, Blue Bucket of Gold , berceuse moderne qui, comme le deuil, atténue le manque tout en lui rendant hommage.

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Il y avait une vie avant. Que ferons-nous après ?

Même rédacteur·ice :

Carrie & Lowell
Sufjan Stevens
Asthmatic Kitty Records, 2015