Comment avez-vous rencontré Saïd, ce sans-abri qui vous a inspiré Usures ? Est-ce le fruit du hasard ?

Je ne crois pas au hasard. Je pense qu’il y a des synchronicités qui font qu’on rencontre certaines personnes à certains moments de nos vies. Chaque rencontre a lieu pour une raison bien précise. Depuis que j’ai commencé à vivre en ville à 18 ans, je vais au contact des sans-abris : je m’assieds à leurs côtés et je parle avec eux pour découvrir leur histoire. Ma rencontre avec Saïd a été particulière parce qu’il y avait un background culturel de référence à partager (sourire).

À quel moment la création de ce court-métrage est-elle devenue une évidence ?

On a commencé le film avant de rencontrer Saïd. Au départ, nous faisions des laboratoires sur les flux : on travaillait à accélérer ou à ralentir la foule, à la faire dévier de ses trajectoires dans le plus ancien couloir de la gare du Nord de Bruxelles, maintenant rénové. Cette partie du processus de création est peu présente dans le court-métrage. Nous avons privilégié l’expression des flux dans leurs absences, en échos à l’éclipse de Saïd dans le film. Les traces d’usures ou de frottements parlent de cela.