critique &
création culturelle
Sieste des poètes et des poétesses en musique
Un podcast sensoriel

Le monde culturel, contraint par les conditions sanitaires actuelles, devient le lieu d’expérimentations créatives : autant d’alternatives tentant de détourner l’impossibilité d’organiser des évènements en présentiel. Karoo s’est plongé dans la Sieste des poètes et des poétesses en musique , un podcast envoûtant, mêlant sons et voix, diffusé le 14 février 2021 sur BX1 ainsi que sur les réseaux sociaux du 140 et des Midis de la Poésie, partenaires de l'événement.

Le monde culturel, contraint par les conditions sanitaires actuelles, devient le lieu d’expérimentations créatives : autant d’alternatives tentant de détourner l’impossibilité d’organiser des évènements en présentiel. Karoo s’est plongé dans la Sieste des poètes et des poétesses en musique , un podcast envoûtant mêlant sons et voix diffusé le 14 février 2021 sur BX1 ainsi que sur les réseaux sociaux du 140 et des Midis de la Poésie, partenaires de l'événement.

S’il n’y avait plus de danseurs
Plus d’acteurs
Plus de musiciens
S’il y avait seulement le poète
Pour décrire une telle vie
Il ne trouverait pas les mots

Dans cette sieste poétique, les mots sont accompagnés par les sons. Aux allures parfois de slam ou de chanson, ces récitations sont des incitations sensorielles dans lesquelles l’audition seule est invitée à percevoir. On écoute ce qui est dit tout en étant plongé dans une atmosphère infusée par des bruits de fond. Délicatement, l’expérience s’inscrit au-delà des mots puisque l’esprit semble guidé par une écoute qui le délivre de sa conscience…

Les textes, sans thèmes communs, se succèdent les uns après les autres sans présentation, ce qui permet au podcast de suivre malgré tout un fil continu. Ils sont néanmoins distingués par de furtifs interludes musicaux, signés Dance Divine. Les poètes et les poétesses sont cités au début de l’enregistrement sonore dans une brève introduction mentionnant les acteurs de ce projet co-présenté par les Midis de la Poésie et le 140. Ainsi, tout au long de la sieste, Jean d’Amérique , Isabelle Wéry (à qui l’on doit également la conception), Maud Joiret , Maud Vanhauwaert et Simon Johannin interprètent chacun un texte poétique au caractère hermétique : on en saisit le sens comme l’on s’y perd, des aventures nébuleuses qui font avant tout ressentir diverses émotions tel que la colère, l’amour, l’horreur, etc.

Derrière les pavillons, les paillassons vieillissent
Les tours se brisent faisant fuir les posés ici depuis des lustres
Humblement venus pour demander l’asile
On les grignote maintenant à l’appel mécanique
Les explosifs ne chuchotent pas
Seulement les corbeaux, intelligents
Maintenant dans le parking désert

La musique, signée Dance Divine, est éclectique. Elle se caractérise différemment au cours de l’heure que dure le podcast : à la fois hypnotique, parfois apaisante, à d’autres moments inquiétante, les sonorités peuvent aussi être surprenantes. Ses apparitions se font sous diverses formes : bruits, voix, mélodies, mais sont avant tout des sonorités électroniques qui infusent une ambiance particulière et servent de support aux textes déclamés. Le silence exerce aussi une place particulière : sachant que ce podcast introduit de la musique, l’absence de celle-ci émet des effets particuliers telle que la mise en avant du poème, faisant d’un passage un moment clé du parcours énonciatif.

Cette expérience individuelle réunit des artistes aussi bien francophones que néerlandophones, une occasion de s’ouvrir à la poésie exercée dans une autre langue et de mêler deux systèmes linguistiques propres à notre pays dans une même voie de communication et de créativité.

La sieste... est un parcours auditif et sensoriel. À l’écoute de ce podcast, l’auditeur ferme les yeux et laisse sa conscience être guidée par les mots et les sons qui lui sont proposés.

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