Leech , sorti le 8 février dernier est le second album de King Child . Un mot pour le décrire ? L’héritage ! Car Leech divague entre le passé et le présent, continuum qui mélange diverses influences et dépeint notre société avec un regard critique. Attention à cet album : il va accrocher votre curiosité !
« Nous pensons que tout ce que l’on cherche, tout ce que l’on vit en tant qu’être humain est un liant, un continuum. Leech pourrait être l’héritage entre la fin des années 70, la pop, le rock, la musique progressive, l’électronique et ce qui a été proposé dans les années 2000. C’est dans ce croisement que nous aimerions nous situer » me confiait King Child lors de notre rencontre au Botanique le 13 février dernier avant leur release party, événement qui nous a permis de les rencontrer et de leur poser quelques questions personnelles .
King Child est un groupe franco-belge qui rassemble le chanteur Quentin Hoogaert et le multi-instrumentiste Jean Prat. Un duo complémentaire qu’ils décrivent comme une évidence musicale. Le 8 février dernier, deux ans après leur premier disque Meredith , ils nous offrent un nouvel album, Leech qui mérite que l’on y pose quelques mots…
Leech est le reflet des créations musicales des années 70 dans sa forme : sa pochette reprend les mêmes codes que celles du rock progressif de ces années et sa durée peut se confondre approximativement à celle d’un vinyle. La brièveté de l’album souligne d’ailleurs sa propre cohérence. On remarque que cette influence se dissimule également dans les arrangements musicaux de l’album, bien que d’autres s’y mêlent. En effet, l’univers de King Child est au croisement d’influences pop, rock, électro,… Il y a un mélange du passé et du présent. Cette diversité se peint également au niveau des instruments : piano, batterie, saxophone,… Le duo est en effet accompagné par d’autres musiciens qui viennent finaliser la création. Cela étant, cet album reflète avant tout une ambiance, une atmosphère. On peut le comparer un jeu de rythmes planants qui envoûtent mélodieusement par moment et qui montent en tornade à d’autres comme si la tranquillité n’avait pas d’état face à l’inquiétude. La voix contrastée et singulière de Quentin Hoogaert incarne d’ailleurs à merveille ce paradoxe : elle se pose parfois sur la musique et se laisse emporter à ses délices. Cette voix semble presque être un instrument parmi les autres. Dans cet album, King Child propose en fait une vraie harmonie entre ses différents composants, une ambiance en symbiose. Leur univers s’impose avec ce nouvel album, tout en restant fidèle à leurs débuts.
C’est en s’inspirant du quotidien qu’ils décrivent un monde qui colle à la peau et qui irrite. Tel sera d’ailleurs le titre de ce nouvel album : Leech signifie « sangsue », représentant métaphoriquement le sentiment que l’on peut ressentir face à ce quotidien parsemé d’informations brusques, d’évolutions pressées et d’identités qui dérouillent. C’est un univers plus sombre et moins personnel qu’ils nous proposent. Ils tiennent avant tout à décrire, grâce à la musique, les promesses d’un monde dont nous n’avons pas pris soin. Comme dans le premier album, la voix de Quentin Hoogaert continuera à dénoncer ces réalités dont la voie semble s’abîmer.
C’est en posant de la douceur grâce au piano omniprésent et de l’inquiétude avec certain sons plus électroniques que King Child nous offre, à travers ses textes, une réflexion sur notre société. Leech est la suite du parcours entamé avec Meredith . Ce second album est un paradoxe entre les sons d’avant et ceux d’aujourd’hui ainsi qu’entre la douceur et l’irritation. Il représente également un bel exemple que la musique peut exprimer un message critique. King Child nous propose, avec celui-ci, une ambiance dans laquelle chaque mot est réfléchi, chaque son emmêlé à l’autre pour ensorceler l’auditeur, tout en l’éveillant à ce qui se trouve en face de lui. Cet album a pour but d’accrocher et d’irriter comme une sangsue, mais en définitive on s’y attache, on l’apprivoise et on plonge dans sa douce mélancolie.
Selon King Child, qu’est-ce que serait « Leech » s’il était…
Un livre ? Le recueil de poème, Love is a dog from hell de Charles Bukowski
Une odeur ? Celle de la mélancolie
Un mot ? Héritage