Ancienne professeure d’anglais et de néerlandais en secondaire, Florence Mendez abandonne l’enseignement en 2016 pour se tourner vers l’humour grâce notamment à l’humoriste belgo-canadien Dan Gagnon qui la prend sous son aile en lui proposant d’être la co-auteure de son émission télévisée Le Dan Late Show . En plus de l’exercice des scènes ouvertes à son spectacle de stand-up, elle endosse également le rôle de chroniqueuse en Belgique et en France, notamment dans l’émission Piquantes ! présentée par Nicole Ferroni qui met à l’honneur les figures féminines montantes de l’humour francophone.

Délicate, l’ambiance intimiste et la lumière tamisée de la salle du Kings of Comedy Club (KOCC) contraste avec le ton corrosif de l’humoriste. En effet, Florence Mendez n’y va pas de main morte quand il s’agit de pointer du doigt la bêtise humaine à coups de punchlines acérées et d’humour noir qui pique juste où ça fait mal. On ne peut nier qu’elle copine toujours avec l’humour trash, mais celui-ci n’est néanmoins jamais gratuit : elle aborde des sujets de société résolument contemporains et fait de l’humour engagé sur des thèmes aussi sensibles que l’homophobie, le sexisme, le harcèlement, ou le racisme. Au fil du spectacle, la puissance de jeu s’intensifie pour laisser voir la vivacité d’esprit et la grande répartie de l’artiste, et on comprend vite que cette image de l’humoriste fan d’humour noir n’est qu’une façade qui cache aussi quelqu’un de sensible et d’émouvant. En effet, elle n’hésite pas à aborder des sujets de vie très intimes comme son enfance, ses névroses, son rapport à la maternité, le rejet des autres, les relations amoureuses, l’anxiété, l’hypersensibilité et même la maladie mentale. Ainsi, Florence Mendez utilise l’humour comme exutoire et outil qui lui permet de désamorcer des sujets très difficiles avec beaucoup de sensibilité, d’humanité et de délicatesse.

De cette manière, l’humoriste de 34 ans nous offre un spectacle à la fois drôle et introspectif, un moment décomplexant et déculpabilisant qui nous prouve qu’entre le rire et les larmes, il n’y a qu’un pas. Cette proximité entre l’artiste et le public est d’autant plus favorisée par le côté intimiste du comedy club qui rend le spectacle plus fort encore. Un spectacle qui fait du bien au moral et qui nous montre qu’on est peut-être tous un chouia névrosés, hors des clous et inadaptés, mais que ce n’est finalement pas si grave.