critique &
création culturelle
Karoo sur scène
2014

Et c’est parti pour le best of 2014 Karoo Scène. Nous avons remonté le temps d’une année riche en événements grâce aux articles de nos rédacteurs. Danse, théâtre, performance, rien n’a échappé à leurs yeux aguerris. Évidemment, il était difficile de faire un choix parmi tous ces articles.

Entretien avec Thierry Thieû Niang, chorégraphe de la transmission
En février, Thierry Thieû Niang nous présentait Sindbad , le dernier « community project » de La Monnaie et sa nouvelle version, … Du printemps , dans le cadre du festival Kicks à Charleroi. Rencontre avec l’artiste qui nous livrait un regard croisé sur ses dernières créations. Il abordait pour nous l’élaboration de ses créations participatives et ses rêves pour les années futures.

Thierry Thieû Niang

« Alors que les pays européens s’enferment dans un repli identitaire de plus en plus marqué, on se rend compte que Bruxelles, malgré sa mauvaise organisation politique, est une ville qui essaie en permanence de créer du lien social. Lundi, je suis allé au Théâtre de l’Ancre à Charleroi pour rencontrer les personnes qui vont danser dans la nouvelle version de … Du printemps , dans le cadre du festival Kicks. Ce sont des Carolos d’horizons différents : la plus petite à six ans, le plus âgé, septante-deux ans. J’ai passé deux heures avec eux autour d’une table, on a parlé du projet, on s’est présenté, c’était très émouvant. Ils ont envie de faire plein de choses ensemble. C’est à nous d’être un peu curieux. Sur les vingt-deux présents, au moins quinze n’avaient jamais mis les pieds à Charleroi Danse. »


Éclipse totale
Comme Karoo permet à des jeunes rédacteurs de s’essayer à la critique tout en bénéficiant d’un soutien rédactionnel, on pointera notamment le très beau premier article d’ Agathe Meziani consacré à la dernière création de Céline Delbecq, Éclipse totale . Vous pouvez d’ailleurs retrouver Agathe dans le dossier « Off to Avignon » du mook Karoo n° 2.

« Éclipse totale est un huis clos familial où la douleur, l’amour, la honte, la tendresse, la culpabilité et la colère se mêlent. Il pourrait être divisé en deux parties : implosion puis explosion. La première est plus introspective, plus intéressante à mon sens, puisque la confusion des personnages face aux sentiments antagonistes qui les assaillent est subtilement rendue. La scénographie permet de nous imaginer une maison défragmentée, un lieu qui peine à retrouver sa place, son identité, comme si tout, même les murs, venait de vivre un séisme. Entre rêve et réalité, tous nos repères sont chamboulés. Le texte est brut mais n’est pas dénué de poésie. »

Pour info, Céline Delbecq était à l’honneur le 15 décembre dernier à Paris au Centre Wallonie-Bruxelles et de nouvelles représentations du spectacle sont prévues au Tarmac du 28 au 31 janvier 2015.
Tarif préférentiel CWB : 16 € au lieu de 25 € en appelant le 01.43.64.80.80.
http://www.cwb.fr/programme/rencontre-avec-celine-delbecq

Le Dragon d’or : restaurant chinois, mode d’emploi
Parmi les jeunes rédacteurs figure également Camille Burtin . Son premier article Scène a porté sur le Dragon d’or , créé au théâtre Varia. Il partageait avec nous subtilement tout le bien qu’il pensait de ce spectacle.

« Le Dragon d’or met en appétit. Pas d’un wok de nouilles sautées au poulet ni d’un bœuf braisé à la citronnelle. Mais de revoir Shorts Cuts, de relire Carver ou Perec, et surtout de découvrir le travail de Roland Schimmelpfennig. Et aussi de regarder la vie autour de nous, les destins tragi-comiques, les fictions dérisoires. »





Krétakör / The Party
Impossible de ne pas faire un détour par le Kunstenfestivaldesarts, l’un des rendez-vous majeurs de la création théâtrale internationale en Belgique. Ce festival nous a valu de très bons articles sur la plateforme et un partenariat avec les étudiants de la KU Leuven. Cédric Juliens nous a proposé un point de vue très fouillé et singulier sur Krétakör d’Arpad Shilling . Ce spectacle hongrois a créé la sensation dans la salle Jacques Huismans du Théâtre National et provoqué un vif débat après la représentation.

« Sur la scène du National, Arpad Schilling dissèque notre rapport à la démocratie. The Party est une fable moderne, puissante et critique, portée avec énergie par une troupe d’une trentaine d’artistes hongrois et européens. Sur le plateau nu, un grand cercle tracé au sol et des musiciens live. Un monsieur Loyal en costume cravate bleue libérale s’avance. Ce soir, se jouera devant vous « la grandeur et la décadence » de la démocratie moderne. La scène se passe en Hongrie, c’est-à-dire en Europe. »





100% Brussels
En parlant du Kunstenfestivaldesarts, revenons grâce à Salomé Frémineur sur 100% Brussels du collectif Rimini Protokoll . Un article qui nous rappelle que le Kunstenfestuivaldesarts ose avoir pour ambition de partager avec les bruxellois des expériences artistiques et culturelles de qualité.

« Le collectif convie sur scène cent Bruxellois sélectionnés pour incarner un échantillon représentatif de la ville. Les rejoignent cinq personnes supplémentaires représentant les habitants non-inscrits, étudiants étrangers, sans papiers ou diplomates. Cet agglomérat renvoie l’image d’un peuple bigarré : Flamands, francophones, anglophones, beaucoup de multilingues. On rencontre l’urbaniste en Brompton, la jeune Marocaine voilée, le Wallon émigré qui n’a pas perdu son accent, l’eurocrate bien habillée, l’ado fan de BD. Ces Bruxellois, on les croise dans le tram, à la commune ou aux terrasses des cafés. Ils avaient un visage ; ici, en plus, ils reçoivent une voix. Le spectacle s’inscrit dans la lignée du « théâtre documentaire » développé par Rimini Protokoll. »



Le Signal du promeneur
Plus près de chez nous, il y a aussi des collectifs d’artistes qui ont fait sensation depuis quelques années. Qui n’a pas entendu parler du Signal du promeneur du Raoul Collectif ? Martha Beullens est revenue avec beaucoup de pertinence et d’éloge sur ce spectacle beau, bon, incroyable, bluffant !

« Le Raoul Collectif, ce sont cinq potes (Romain David, Jérôme De Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szezot) qui ont décidé de se lancer dans la création… en collectif. Ils signaient en 2011, avec le Signal du promeneur , leur premier spectacle. Une réussite et une nouvelle tournée en 2014, qui passait par le TNB du 22 au 27 avril. Dans les bois, cinq promeneurs se rencontrent. Une lampe de mineur vissée au front et une parka sur le dos, ils se ressemblent tous. D’ailleurs, ils s’appellent tous les cinq Francis. Ils pourraient être n’importe qui. Leur accoutrement identique souligne la dimension universelle de ce dont nous serons les spectateurs. »

Mais 2014, c’était aussi…

Le Signal du Promeneur , Raoul Collectif (TNB)
100 % Brussels (KFDA, Halles de Schaerbeek)
Black Bird , Collectif IMPAKT (Festival de Liège, Théâtre de la vie, Théâtre des Doms)
Quarante et un , Transquinquennal (KFDA ; Théâtre Varia)
Souterrain Blues , Yann Collette (Collège de la Salle, Avignon)
Les Marchands , Joël Pommerat (TNB)
Oscar Wilde est mort , Zamok compagnie (Ateliers d’Amphoux, Avignon )
Coup fatal , Serge Kakudji, Rodriguez Vangama, Fabrizio Cassol et Alain Platel (KVS)
Kholas , Agora Théatre (Théâtre de l’Entrepôt, Avignon)
Nés poumons noirs , Mochélan (Théâtre de l’Ancre)
Hate Radio , Milo Rau (KVS)
Timeloss , Mehr Theatre Group (KFDA ; TNB)

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