critique &
création culturelle
Entretien avec
Adrien du Silence

Dans la galerie Karoo cette semaine, Adrien du Silence en sort pour nous expliquer son travail singulier, très personnel.

Karoo : parle-nous de ton parcours. D’où viens-tu, où as-tu appris à dessiner ?

Adrien du Silence : Je suis né en Belgique en 1988 puis mes parents ont déménagé en Espagne lorsque j’avais dix ans. Cela n’a pas été facile, je parlais peu et j’étais très introverti. À l’école, les enfants ne m’ont pas raté ; malheureusement j’ai expérimenté ce qu’était la cruauté humaine. Vers quinze ans j’ai arrêté de parler, j’étais complètement catatonique, une fissure s’était formée entre moi et le monde, la récupération a été longue mais je suis là avec mes dessins qui me suivent depuis mon enfance. Dessiner a été un refuge, une nécessité.

Ton nom d’artiste est Adrien du Silence, pourquoi ce choix et cette formulation ?

Eh bien… le silence peut s’interpréter de mille manières différentes : ça peut être quelque chose de très positif et à la fois de monstrueux. Je le comparerais au calme apparent d’ un arbre mais qui à l’envie de crier parce qu’il est attrapé par des racines qui l’empêchent de bouger. Le silence me parle.

Certains de tes dessins ont un trait naïf, comme composés de courbes saines, évidentes et rassurantes, tandis que d’autres sont plus durs et jouent sur la brisure et le détail. Est-ce que je me trompe ?

Sans doute, les dessins me ressemblent. J’ai une manière d’être assez enfantine, parfois on me dit que je fais penser à un petit garçon de cinq ans… Mais j’ai aussi un vécu assez complexe.

« J’avais envie de mettre mes dessins en mouvement, d’aller au-delà du dessin statique. »

Comment définirais-tu plus précisément ton travail et tes choix de trait ?

En général, j’utilise très peu de détails ou de décors, j’ai besoin d’aller droit au but, de raconter mes idées. Parfois c’est très dépouillé, mais ce que je veux transmettre avant tout, c’est l’émotion, le vécu.

Tu utilises souvent le symbole de la tête ou de ce qu’elle contient dans des circonstances particulières, surréelles… Pourquoi ce choix ?

Le vécu a fait de ma psyché une force, mais c’est aussi une préoccupation. Ma tête déborde d’idées, de réflexions et d’émotions. Tout sort chaotiquement de là et j’ai besoin de tout redessiner pour mieux comprendre.

Tu as aussi une panoplie d’œuvres animées, des gifs. Pourquoi avoir choisi cette pratique ?

Ce ne sont que des animations très courtes mais j’avais envie de mettre mes dessins en mouvement, d’aller au-delà du dessin statique. De plus, le fait de les passer en boucle possède un côté hypnotique qui nous oblige à une double lecture, à plus de réflexions.

Ces œuvres animées sont aussi visibles dans une vidéo dont la bande son est un didgeridoo. Aurais-tu un goût particulier pour ce genre d’instrument ? Pourquoi ?

Oui j’écoute souvent de la musique tribale lorsque je dessine, on est détaché de la frénésie du monde et on a une ouverture sur les choses essentielles de la vie.

Quelles sont les trois œuvres (toutes confondues) dont tu es particulièrement fier ? Pourquoi ?

Le Chaos. © Adrien du Silence.

Ce dessin représente une partie importante de ma vie. En 2009 j’ai créé mon premier album illustré, « L’enfant Chaos », un book autobiographique que j’aimerais vraiment partager.

Le fruit. © Adrien du Silence.

J’aime ce dessin, il est simple mais on dit aussi que les idées les plus simples sont parfois les meilleures…

Le philosophe. © Adrien du Silence.

La solitude peut être quelque chose de douloureux mais c’est aussi là que nous nous retrouvons avec nous-mêmes, que nous sommes plus créatifs.

Tous les
entretiens !
Sa galerie
Même rédacteur·ice :

Pour plus d’images, son site : http://www.dessinsdusilence.com/

Voir aussi...