La rencontre d'une photographie, celle de Cheryle St-Onge. Le portrait de sa mère, allongée dans la neige : un instantané urgent d'un temps éphémère précieusement attrapé au vol. Le regard désemparé d'une artiste, d’une fille, d’une aidante-proche, sur le déclin à la fois cruel et poétique de la figure maternelle. Un geste artistique évident, vital, pour oublier le fossé de la démence vasculaire, panser les plaies d'une impuissance insoutenable, reprendre le contrôle d'une course vaine contre cette trop triste disparition qui estompe les souvenirs comme l'eau des aquarelles.

La mère de la photographe a posé, patiemment, enveloppée dans son manteau de fourrure devenu trop grand. Le poing levé, peut-être soulagée par le déclenchement qui s’était fait désirer, chambre photographique oblige. La fin d'une attente sur le sol humide, le souvenir fixé dans la gélatine de ce grand négatif.

Les bras en croix comme un ange dans ses flocons, Carole St-Onge semble prête à s'envoler.

Un enfant, les rides aux coins des yeux, au crépuscule d'une vie.