critique &
création culturelle
La Cité d’or
7. L’imprévu

Le cliché m’est arrivé : mon GSM a été dérobé. Le pire de ce qui aurait pu m’arriver à Barcelone s’est produit. Et si les débuts ont été difficiles, je dois admettre qu’il était temps de m’en détacher de ce GSM. J’en aurai manqué des choses dans la Cité d’or…

Je ne m’étais jamais permise de me perdre jusqu’alors, puisque j’avais un GPS pour me guider jusqu’à destination. Je ne demandais donc jamais mon chemin ni la traduction de certains ingrédients figurant sur les boîtes de soupes aux vendeuses du supermarché. Google était toujours là pour me traduire zanahorias 1 , mot que j’oubliais toujours. Je (re)découvrais alors le contact avec les locaux et l’inquiétude quant à des questionnements simples : « Vais-je pouvoir retrouver mes amis parmi la foule ? », « Les gens me comprendront-ils sans Google Translate ? », « Comment faisait-on avant Google Maps ? ».

Enfin levais-je les yeux de mon écran. Ainsi, j’ai pu profiter pleinement du carnaval qui battait son plein dans la ville sans chercher à réaliser la photo parfaite. Le carnaval est la fête à ne pas manquer, que ce soit en famille ou entre amis. Pendant quatre jours, je me laissais guider uniquement par le bruit des tambours et des danses, observant la foule déguisée pour l’occasion. Cela commençait plutôt bon enfant avec les écoles pour finir plutôt trash en grande « beuverie » dans des bars de quartiers à Gracia ou Sants mais surtout au sein de la ville de Sitges qui a la réputation de savoir accueillir les plus fêtards…

J’ai également pu profiter du Llum Festival de Barcelona 2 , qui commémore l’anniversaire de la mort de sainte Eulalie, très importante dans la Cité d’or. Le soir, dès 20 heures, le temps d’un week-end, le quartier de Poblenou s’est illuminé. Si ce quartier industriel n’a rien d’attirant à première vue, il est pourtant sur le point d’être converti en un nouveau quartier hipster. De nouveaux immeubles et galeries d’arts pointent doucement le bout de leur nez. C’est sans doute pourquoi le festival de lumière y a été organisé. Une semaine de préparation pour mettre ce quartier dans tous ses états en alliant la technologie à l’art. Des lumières, des couleurs, sur les façades des immeubles ou à l’intérieur de vieux édifices… Les enfants s’émerveillent devant quelques contes lumineux tandis que les parents s’enchantent de l’esthétisme et de la précision des projections artistiques. L’atmosphère est familiale et rappelle Saint-Gilles ou le quartier de Flagey qui me manquent tant.

Avec ses potagers urbains, ses projections de films, des ateliers pour les enfants et des expositions en plein air lorsque le temps et les températures le permettent, Poblenou est idéal pour rencontrer les locaux et se rendre compte que cette ville ne semble pas le moins du monde divisée par les classes sociales, par l’âge ni par le niveau intellectuel. Et c’est ce qui me manquera lors de mon départ : une ville sans cases, sans catégories. Une ville où l’on peut être soi-même.