critique &
création culturelle
En immersion complète
avec Ma voix t’accompagnera

Chacun d’entre nous s’est déjà retrouvé à l’hôpital pour l’une ou l’autre consultation. Lieu de vie comme de mort, de joie et de souffrance, c’est dans cet endroit que l’hypnose médicale nous transporte dans un monde parallèle merveilleux et ce, au travers de deux voix.

Aux Cliniques Saint-Luc à Bruxelles, le réalisateur Bruno Tracq suit le quotidien de deux médecins anesthésistes, Fabienne Roelants et Christine Watremez, qui pratiquent l’hypnose médicale afin d’aider par le psychologique l’intervention physique. Grâce à la force mentale du patient guidé par hypnose, le contact humain est plus présent, qu’importe le type d’intervention (des simples gestes médicaux à la césarienne, voire aux opérations chirurgicales). Le patient quitte le bloc opératoire pour se plonger dans son monde onirique et cette expérience est partagée petit à petit avec le spectateur tout au long du film.

Est-ce que vous pouvez voir la mer ?

Dès le début du documentaire, une voix off apaisante et des paysages contemplatifs plongent le spectateur dans un voyage rassurant. Ma voix t’accompagnera propose une approche très immersive dans laquelle il est facile de se retrouver à la place du patient.

La musique (composée par Loup Mormont) empreinte de douceur provenant d’un ailleurs et le traitement du son (monté et mixé par David Vranken) participent à cette intégration et ce, avant même la perception de l’image. Tout, du titre à la musique d’atmosphère, est orienté pour produire des effets légers et déformés qui reflètent l’influence de l’hypnose sur le cerveau.

L’image est très soignée, voire très épurée. Loin du documentaire dit « naturaliste », Ma voix t’accompagnera s’inspire plutôt de la fiction, univers d’où provient Bruno Tracq. Lors de l’une ou l’autre séance avec Fabienne Roelants et Christine Watremez, Bruno Tracq propose notamment des effets spéciaux (supervisés par Emilien Lazaron) pour appuyer l’effet immersif de la voix et de la musique. Cependant, malgré les incrustations judicieuses des interventions visuelles par Digital District afin de mettre également en transe le spectateur, les effets spéciaux sont parfois de trop et permettent moins de se concentrer sur la voix suite à tout le processus mis en place par le film.

Néanmoins, l’effort d’intégration de l’équipe du film au sein des Cliniques Saint-Luc est à souligner : le rendu final paraît si simple, l’atmosphère froide des hôpitaux est oubliée, l’équipe hospitalière ne semble pas perturbée par les caméras et les patients n’ont pas l’air influencés dans leur comportement. À la réflexion, il est incroyable pour un documentaire de pouvoir montrer autant, surtout dans la salle d’opération où nous pouvons apercevoir entre autres certains débuts d’interventions chirurgicales. Nous ne sommes pourtant pas ici dans Grey’s Anatomy :  le tout est bel et bien réel.

Qu’est-ce que vous faites chez vous pour vous détendre ?

Par son angle d’approche et son esthétisme sonore et visuel, Ma voix t’accompagnera de Bruno Tracq procure un sentiment de bien-être et de paix. Nous découvrons en réalité ce qui reste de contacts humains entre le patient et son médecin dans cette relation de proximité et de confiance. C’est un film qui nous prend par la main… et qui nous hypnotise.

Même rédacteur·ice :

Ma voix t’accompagnera

Réalisé par Bruno Tracq
Belgique, France, 2020
84 minutes