Retour sur 2019 (5)
À l’approche de la fin de la décennie, la rédaction Karoo dresse sa rétrospective culturelle de l’année 2019 ! Entre passé et futur, concert, séries, littérature et théâtre interactif : retour sur les incontournables de Julie Derycke.
Le Pont d’argile , Markus Zusak
Avec The Bridge of Clay , Markus Zusak revient pour un troisième romans aux thèmes qui lui sont chers : un héros intelligent mais peu éduqué, aux origines familiales dans le bloc de l’Est, aux influences musicales et surtout un amour des mots et de l’art et un constat constant de la vie et de la mort. Narrée par le frère aîné de la famille Dunbar, l’histoire retrace le parcours de son frère, Clay, entrecoupée par le passé de leurs deux parents. S’il est difficile de résumer l’histoire en elle-même, le roman reste pour le moins extrêmement marquant. L’ode familiale est bouleversante et extrêmement bien écrite, Markus Zusak maintenant une écriture pleine de métaphores et d’images, avec un regard sur la vie très doux et empathique. À lire de préférence en anglais, pour ne manquer aucune des magnifiques subtilités qui se perdent malheureusement à la traduction française.
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Derry Girls – saison 2
La mini série propose de vivre le quotidien de quatre adolescentes irlandaises et d’un de leur cousin anglais dans années 1990, dans l’une des villes les plus touchées par le conflit nord-irlandais : Londonderry, plus communément appelée Derry. La véritable force de la série réside dans sa manière subtile de transmettre la situation historique (indépendantisme, conflit identitaire et religieux, attentats…) sur fond de teen drama particulièrement comique. Portée par un casting délicieusement imparfait et ridicule, les épisodes, courts et légers, sont à la fois un témoignage du passé et un un reflet du présent, puisque l’intrigue se développe autour des préoccupations – futiles – des adolescents.
La deuxième saison est particulièrement réussie et assoit définitivement l’attachement des spectateurs aux différents personnages, plus humains et complexes dans cette saison. Derry girls permet enfin de découvrir un argot particulièrement drôle et imagé ainsi qu’une culture ambiguë et méconnue, entre irlandaise et britannique.
As far as my finger tips take me , vu à l’Atelier 210 le 16 février 2019
En février dernier, l’Atelier 210 proposait un nouveau festival basé sur le spectacle vivant et sur la participation active des personnages dans différents types de représentations. C’est lors de ce Singulier festival des formes immersives et intimes que j’ai été confrontée au récit intime d’un réfugié avec As far as my fingertips me . Le titre de l’expérience – Aussi loin que le bout de mes doigts peut m’emmener – symbolise la difficulté du voyage pour un réfugié, avec douanes, contrôles, frontières fermées, « le bout de ses doigts » correspondant donc à ses empreintes digitales. Mais le titre prend une dimension métaphorique dans la transmission de ce récit. Assise l’épaule collée à un mur, le bras nu passé dans un trou, c’est du bout de ses doigts légers que le réfugié anonyme me dessine son parcours sur la peau. Via dessin, musique et récit chuchoté, As far as my fingertips take me nous parle de culture, de conflit, de fuite, de souvenirs, de recherche de paix, de bonheur et d’acceptation. Un moment unique à la forme originale qui permet un véritable partage.
Years and Years
Years and years est probablement la série à voir avant de se plonger dans 2020. Œuvre d’anticipation à la Black mirror , Years and years imagine le futur de la société britannique dans la décennie à venir, à coup de time lapses . Et tout y passe : technologie avec un monde ultra-connecté, environnement avec impacts du réchauffement climatique, migration et politique avec la montée de l’extrême droite en Europe, crise financière et nouveau krach boursier… Le tout vécu à travers le quotidien d’une famille britannique aux représentations multiples, porté par un cast excellent, Emma Thompson en tête. Si la série fait défaut sur la fin avec une certaine exagération dans l’arc narratif de certains personnages, elle reste tout de même réaliste dans ses prédictions.
Glauque, vu au Botanique le 4 mai 2019
Glauque est sans conteste l’un des nouveaux groupes belges qui a fait 2019, après sa victoire au concours My Court Circuit fin 2018, sa résidence au Botanique et une tournée dans de nombreux festivals cet été. Leur particularité : seuls deux titres sont actuellement écoutables sur les réseaux. Pourtant, le groupe fait preuve d’un succès grandissant, et tient des set de plus d’une heure avec une facilité et une maîtrise déconcertantes. Entre rap, électro et hip hop, Glauque partage en français des textes puissants, entre mélancolie et verve piquante, ponctué par une énergie et une passion folle.