critique &
création culturelle
Twyxx
une gourmandise visuelle

Twyxx : u n intitulé curieux qui semble évoquer la friandise caramélisée. Pourtant, c’est au plaisir visuel que la création de Mercedes Dassy et de Tom Adjibi s’adonne. Un mélange entre danse contemporaine, effusion corporelle et engagement.

La mise en scène de Twyxx se veut très simple mais réaliste : un décor obscur, un mur noir sur lequel sont suspendus trois miroirs de forme verticale. Ils reflètent indirectement les vices humains. Le narcissisme pour les danseurs qui passent devant et s’observent ; le voyeurisme pour les spectateurs qui scrutent les corps gracieux en plein mouvement.

La pièce suit une intrigue décortiquée, qui toutefois obéit aux sons diffusés, faisant office de musique de fond. Les uns sont des bruits secs et saccadés, semblables à des coups donnés sur une toile de tambourin, les autres de brefs extraits de « Questions pour un champion », mis bout à bout. La gestuelle des danseurs se meut au gré ce fond musical.

Photo : Ayka Lux

Les comédiens se désarticulent et dansent selon les questions posées par Julien Lepers aux candidats et les réponses de ceux-ci. Leurs costumes sont i n : slim, legging, bas collant, stretch, etc. Bref, tous les mots possibles et imaginables qui moulent les attributs sexués des danseurs.

L’expérimentation de la danse est poussée à son extrême, déstabilisant le public, qui – pardonnez le jeu de mot – ne sait sur quel pied danser. Est-ce une comédie ou une autre forme de théâtre ? Un opéra revisité ? Peut-être les deux. Une pièce hybride, cynique, qui danse au rythme d’une musique déconstruite et décalée.

Symboliser l’union par le primitif

Twyxx symbolise l’union, le couple. Une femme, un homme. Durant toute la pièce, ils se cherchent. Ils se trouvent, se testent, se séparent pour mieux se réconcilier et avancer ensemble. Complices et concurrents à la fois, ils miment les gestes propres à l’amour sous toutes ses formes.

Par exemple, la deuxième partie de la scène s’ouvre sur les deux danseurs, à quatre pattes, se fixant dans les yeux. Ils échangent des cris, digne d’un amour bestial, s’apprivoisent et s’enlacent. Parfois des phrases sortent de leur bouche, dans une langue étrangère, vraisemblablement asiatique. Le public reste captivé par ces deux êtres dont le parler est incompréhensible mais dont le langage corporel est univoque : ils s’aiment, se draguent et font l’amour sur scène.

Photo : Ayka Lux

Les deux acteurs ne font plus qu’un, simulant les actes sexuels et les cris de chacun des partenaires lors de son orgasme. La scène prête à sourire tout en mettant mal à l’aise. Mais, au fond, elle rappelle, et me rappelle, combien l’Homme actuel est animal. Il ne pense qu’au sexe et reste primitif dans son comportement, dans une société qui se veut chaque jour de plus en plus moderne, performante et hyperconnectée. L’amour, resté physique et peu civilisé. Plus encore, il est devenu un véritable produit de consommation, convoité de manière obsessionnelle.

Même rédacteur·ice :

Twyxx

Mercedes Dassy et Tom Adjibi

du 17 au 25 septembre 2019 au Théâtre de Namur