critique &
création culturelle
Retour sur la sixième édition
du festival Francofaune

Cette année marque la sixième édition du festival bruxellois Francofaune qui promeut la diversité de la musique francophone du 3 au 13 Octobre. L’occasion pour Karoo de revenir sur le festival.

Le festival Francofaune a eu lieu du 3 au 13 Octobre. La particularité de ce festival bruxellois est qu’il compte cinquante concerts organisés dans une vingtaine de salles aux quatre coins de la ville. Une occasion pour nous de redécouvrir Bruxelles sous un autre œil. Parmi ces différents lieux, on retrouve notamment la Madeleine, le Mima, la Maison de la Création, le Botanique, le Beursschouwburg mais aussi la Vénerie, le Brass, Chez Maman, l’espace Magh et bien d’autres encore.

À première vue, Francofaune a pour but de promouvoir la langue française à travers la découverte d’une multitude d’artistes francophones, certains plus anciens que d’autres. Mais l’objectif principal du festival est surtout de nous faire sortir de nos zones de confort ou comme ils le disent eux-mêmes, de « donner place aux espèces musicales en voie de disparition ». On y retrouve donc des artistes très différents les uns des autres. En effet, ce qui frappe le plus, c’est la diversité musicale que nous propose le festival et qui ne peut que satisfaire les goûts de chacun. Hip-hop, blues, variétés de rock, rap, pop… Il y en a pour tout le monde.

Au sein de cette programmation, on reconnaît le chanteur français Bertrand Belin , ainsi que le groupe namurois Glauque et la chanteuse Keren Ann , trois artistes dont on a parlé cette année sur Karoo. Parmi les autres artistes présents, on distingue Secrètes Sessions qui a marqué le coup d’envoi du festival, le rappeur Lord Gasmique, la rappeuse Sarahmée, la chanteuse Sapho, le groupe déjanté Alek et les Japonaises, le groupe belge montant Dalton Telegramme, et le duo révolté Choolers Division.

Francofaune d’un point de vue interne

Je me suis rendue à trois dates du festival, le 5, le 12 et le 13 Octobre. Je vais donc vous présenter en profondeur les trois artistes coup de cœur que j’ai pu découvrir.

CélénaSophia

Céléna et Sophia forment ensemble un duo dynamique, mais leur lien ne s’arrête pas qu’à la musique. En effet, avant d’être musiciennes, elles sont sœurs. L’une est à la guitare acoustique et au chant, l’autre à la guitare électrique et accompagne au chœur. Elles sont assistées par Jérôme Magnée, leur batteur. Ce qu’on remarque tout de suite en les entendant chanter est la maturité dont elles font preuve malgré leur jeune âge. Dans chacun de leur texte, on retrouve leur personnalité, leur vécu. Elles traitent notamment de l’espoir, de l’amour et arborent comme sujet le temps et la mélancolie. Beaucoup de leurs chansons font mention de leur mère décédée, Lucia. On retrouve ce thème récurrent dans Je te vengerai , un titre très poignant mais aussi dans Seul hôtel . Malgré le fait qu’elles soient moins connues, elles ont réussi à installer une chouette ambiance dans la salle à nous transporter dans leur univers.

  • Ma chanson coup de cœur:

Atome

Atome en concert, c’est une ambiance totalement psychédélique alimentée par un show en lumières. J’avais déjà écouté quelques-unes de leurs chansons et j’avais beaucoup aimé leur style pop assez décalé. Le groupe est né en 2016 grâce à l’union entre Remy Lebbos, le chanteur-guitariste et David Picard, trompettiste et claviériste. Ils sont accompagnés par trois autres musiciens dont Coline Wauters qui rejoint Remy au chant, Leïla Alev l’autre claviériste et Nicolas Collaer le batteur. Sur scène, ils étaient très dynamiques, toujours en mouvement ce qui suscitait l’envie de bouger avec eux. Leur dernier album, Voie Lactée , nous emmène dans un voyage cosmique où chaque chanson raconte une histoire. Parmi celles-ci, on retrouve Devenir une fille dans laquelle Remy Lebbos explique cette envie qu’il a ressenti dans sa jeunesse.

  • Chanson coup-de-cœur :

Delgrès

Delgrès nous emmènent quant à eux dans un univers typiquement créole, en Guadeloupe. Le groupe a été nommé en honneur à Louis Delgrès, un abolitionniste connu pour avoir fait face à Napoléon Bonaparte qui souhaitait rétablir l’esclavagisme en Guadeloupe. En signe de protestation et accompagné de 300 camarades, Louis Delgrès se suicide en se faisant exploser. L’inspiration derrière le nom prouve donc le message de positivité et d’ouverture au monde que porte Delgrès. C’est un groupe de blues engagé composé de trois membres : le chanteur et guitariste Pascal Danaë, le batteur Baptiste Brondy et le soubassophoniste Rafgee. Leur premier album, sorti en juillet 2018, s’appelle Mo Jodi , ce qui veut dire « Mourir aujourd’hui » en créole guadeloupéen. Ce titre fait toujours référence au sacrifice de Louis Delgrès. Les textes de cet album sont à moitié en créole et à moitié en français ou encore parfois en anglais. Ils dégagent tous un message très important. Parmi les chansons plus marquantes, on a Mr Le président , Respecte nou qui dénonce le passé esclavagiste ou encore Ramene mwen qui nous renvoie à nos racines. En concert, Pascal Danaë dévoile son aisance sur la scène qu’il maîtrise vu son expérience. Le groupe impressionne par son dynamisme et sa positivité.

  • Chanson coup-de-cœur :

Pour conclure, on peut dire avec certitude que Francofaune dépasse les attentes. Non seulement le festival a réussi à me faire sortir de ma zone de confort, mais aussi à me faire  découvrir de nouveaux artistes auxquels je continuerais de m’intéresser encore longtemps. Alors si l’année prochaine l’envie vous vient d’assister à ce très chouette festival, n’hésitez plus et foncez !

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