© Ben Heine

Pour fêter ses 60 ans d’existence, l’IHECS a décidé de mettre ses anciens étudiants à l’honneur en organisant une exposition, du 15 mars au 22 avril. C’est l’atypique espace d’exposition de la Faculté d’Architecture La Cambre Horta de l’ULB (Flagey) qui accueille ces œuvres éclectiques, pour le plus grand plaisir des yeux.

 

Comme le nom de l’exposition l’indique, 60 photographes ont été affichés. Certains d’entre eux sont devenus des photographes réputés et ont été reconnus internationalement. On y trouve aussi bien du photojournalisme que des portraits, des paysages, de la photographie plasticienne, etc. Les thèmes abordés sont également très variés, on passe d’un voyage en Irlande à des portraits de famille sans oublier l’histoire d’une femme qui vit reclu dans les bois. Voici quelques coups de cœur aperçus lors de la déambulation au travers de l’exposition.

Ben Heine, une fenêtre sur l’imaginaire

Ben Heine est un artiste visuel multidisciplinaire. Il est devenu célèbre en 2010 avec l’invention d’une nouvelle forme artistique qu’il a nommée « Pencil Vs Camera ». Grâce à la combinaison de deux de ses talents, la photographie et l’illustration, il emmène le spectateur dans un monde imaginaire. Il dessine des croquis pour ensuite les incruster à la vie réelle et les photographier en les tenant par la main. Cela donne une vision romancée qui peut être porteuse de beaucoup de sens différents : elle peut faire réfléchir sur une certaine condition ou simplement faire rêver, voire même faire sourire. De plus, la précision de son travail est absolument fantastique, il s’approprie des lieux réels pour en faire quelque chose d’autre, qui vient d’ailleurs, qui sort de l’ordinaire, qui permet de fantasmer sur une autre réalité.

Olivier Guyaux, une nostalgie inexplicable

Olivier Guyaux nous propose « NB Motherland », un recueil d’images contemplatives de paysages belges. En regardant ces photographies du littoral belge, le spectateur peut ressentir comme une nostalgie, grâce à ce noir et blanc maîtrisé, qui propose des images très sombres. La lumière est remarquablement belle, ce qui élargi l’intensité des images.

Véronique Pipers, « Laissez-vous regarder par les photos »

Véronique Pipers nous propose un recueil de photographies qu’elle a effectuées durant son reportage sur les effets produits par la nouvelle loi sur la santé mentale en Belgique francophone, c’est-à-dire la réforme “Psy 107” dont l’objectif est de fermer des lits psychiatriques et de réorienter la prise en charge des patients au sein de la communauté.

Elle s’est donc rendue aux Ateliers du 94, lieu d’accueil pour les personnes différentes. Elle a écouté, regardé puis photographié les habitants de ce lieu et ceux qui y gravitent. Plusieurs portraits et autres moments de vie témoignent de la bienveillance qui y règne. Après avoir été observées par un  appareil photo, c’est à elles de nous transpercer d’un regard vrai et sincère.

Véronique Boyens, une réflexion sur la routine

Avec « Un long voyage, quadriptyque », Véronique Boyens interroge le spectateur sur l’aspect routinier de la vie et ce que l’on décide d’en faire. Deux choix s’offrent à nous : nous pouvons l’accepter jusqu’à ce que les petites habitudes du quotidien nous fassent perdre notre personnalité ou alors s’en détourner afin d’être plus créatifs. Sur ce quadriptyque, nous voyons cette jeune femme qui est parsemée de timbres. Nous ne la voyons même plus, nous n’apercevons qu’un des ses yeux. Nous ne distinguons pas si elle est heureuse ou non, elle est coincée dans ses habitudes. Ce qu’elle fait est normal, habituel, alors personne ne pensera à lui demander pourquoi elle le fait (métro-boulot-dodo). L’artiste nous glisse subtilement qu’il ne faut pas nous laisser défigurer mais apprivoiser les petites choses du quotidien et laisser surgir l’imagination, découvrir sans cesse de nouvelles choses afin de nous épanouir.

Thomas Freteur, la foi brûlante dans un paysage aride

Avec « The Faithful », Thomas Freteur nous parle d’une croyance. Sur la route qui mène au nord d’Haïti, il y a une petite colline appelée Ti Pinsik. Il y a environ 40 ans, alors que le tonnerre grondait dans ce paysage aride et rocheux, un pasteur est né au pied de la colline. Très vite, la nouvelle se répandit et on cria « Un roi est né ». C’est à partir de ce moment-là que le lieu devient un endroit de pèlerinage où chaque matin des croyants viennent prier, danser, chanter, dormir.

À l’ère où tout le monde peut prendre des photographies et filmer très facilement, cet art visuel qu’est la photographie peut sembler être issu d’un autre âge. 60/60 prouve que cet art est loin d’être mort car tous ces photographes ont une vision à nous partager et ils se distinguent tous l’un de l’autre par leur démarche, par leur style et par leur volonté. Quand certaines expositions sont axées sur un seul style de, 60/60 nous propose un échantillon très riche et permet de faire découvrir de nouveaux talents.

 

En savoir plus...

 

Faculté d’Architecture La Cambre-Horta de l’ULB, Espace Architecture 19bis place Flagey – 1050 Bruxelles

Du 15 mars au 22 avril 2019